dimanche 14 novembre 2010

Moi je traîne dans le désert...

Death Valley, la Vallée de la mort.

Pas très engageant comme nom. Je ne sais pas qui est Ministre du tourisme aux USA mais là franchement il a oublié de nous tenter. Ça doit être réservé aux touristes masos. Il aurait pu appeler ça autrement, genre « la vallée où il ne fait jamais froid » ou « la vallée des monts marrons-chauds » ? bon d’accord, « vallée de la mort » c’est mieux. Ça fait « oulala fais moi peur ! » et ça attire les motards allemands qui viennent en groupe, avec un pantalon en cuir comme uniforme pour un effet sauna des membres inférieurs (des masos on vous dit). Car oui disons le, il fait 32 degrés. Et encore on a de la chance car nous sommes en hiver. En été, il peut faire 50 degrés. Mais ça c’est pour les touristes masos catégorie supérieure.

Avant d’affronter le désert et ses délices annoncés, nous faisons le plein d’essence à quelques miles de là. La station essence semble être une erreur de l’urbanisation car elle est plantée comme un cactus solitaire, au milieu du désert. Le gars qui la tient a l’air de s’ennuyer ferme mais ça ne l’empêche pas de pratiquer des tarifs à faire fuir les clients qui ne seraient pas des craintifs angoissés de la panne d’essence. En plus il vend des cartes postales moches. C’est là que j’apprend que nos nouveaux animaux de compagnie vont être des serpents noirs et blancs, des iguanes, des tarentules et des scorpions. Ah ! bravo ! Encore une bonne idée pour attirer les touristes. Mais quelle idée de photographier ces bestioles et de les mettre sur des cartes postales ? ! j’aimerais voir la tête de la personne qui reçoit des nouvelles via une carte postale d’iguane.. Remarque ça pourrait être drôle si le vacancier commençait sa prose par un « en voyant cette carte postale, j’ai pensé à toi… ».


Mais la vallée a plus d’une vue dans son sac : d’abord, elle s’étend sur des centaines de miles dans un patchwork de jaunes marrons orangés. Le désert, forcément, mais du marron et du pentu, finalement ça peut être carrément beau. Alors que nous faisons une photo sur le bord de la route, une voiture se met en travers et une jeune femme nous interpelle. C’est un couple de français en vadrouille pour quelques jours. Ils nous envient et projettent de faire comme nous. Un voyage en camping car. En attendant ils vont à l’hôtel. Allez y réfléchissez dans vos draps blancs et fraîchement repassés, qu’on rigole.

Le coucher du soleil sur les montagnes apporte une couleur richissime au paysage. Nous passons la nuit dans une aire de camping sauvage. Le genre de camping où il n’y a rien à part rien et des toilettes entourées de rien. Mais le truc c’est que c’est beau. Alors on est contents. Gabriel refuse de mettre le pied dehors depuis qu’il sait qu’il y a des petites bêtes ici. Il doit s’imaginer qu’elles sont douées en trampoline car il veut en plus qu’on ferme les fenêtres, des fois qu’elles auraient l’idée de faire de l’escalade avec leurs petites pattes. C’est rigolo de dormir dans le désert sans rien autour, ça me fait penser à la chanson de Capdevielle :« Quand t’es dans le désert, depuis trop longtemps ouin ouin ouin… »






Rien, j’exagère : il y a plein de « joshua trees ». Ce sont des arbres qui ressemblent à des dessins d’enfants : des battons avec une touffe verte au bout. Très design. On dirait qu’ils ont voulu cumuler le palmier, le cactus et les branches en bois. Le résultat c’est…Euh… n’importe quoi. Mais comme c’est le seul arbre du désert, on le salue poliment.


Le lendemain, alors que nous sommes stationnés près des dunes de sable, un CC stationne à coté de nous. Un couple de Français avec un petit garçon de 3 ans. Dingue ! c’est le couple dont nous avaient parlé les Piots l’avant-veille et avec qui ils avaient passé plusieurs jours !

Les USA sont tous petits finalement. Il y a Patrick (le papa), Virginie (la maman) et Matthieu (leur fils). Des niçois. Nous sympathisons rapidement et comme c’est l’heure de déjeuner, nous nous installons sous nos auvents autour d’une salade. C’est rigolo de trouver des gens qui vivent la même chose que nous et qui ont prit les même décisions que nous. Ils partent pour 1 an comme nous, mais partiront ensuite en Floride puis le Costa Rica pour remonter vers le Mexique. Leur CC est grand et spacieux. Le notre est tout riquiqui à côté. Ils ont même une télé écran plat. Appelez moi le service des réclamations.

Nous passerons les 3 jours suivants en leur compagnie. Sur fond de désert aux couleurs changeantes, ce sera barbecues au charbon de bois, conversations à n’en plus finir autour de photos, rigolades sous les étoiles et plongeons dans la piscine. Les étoiles parlons en. Notre camping plutôt rustique (à part des toilettes, il n’y a rien. Très tendance ici décidément) est situé au milieu des plaines, un peu en hauteur. Nous assistons chaque soir à un coucher de soleil rougeoyant bientôt suivi par une nuit d’une noirceur exceptionnelle. Celle ci nous permet d’admirer la voie lactée à loisir. Il est rare de pouvoir assister à cela car il y a généralement toujours le néon d’une ville aux alentours pour gâcher l’ambiance. Ici non. Je le redis : il n’y a que des montagnes autour de nous. Patrick est le champion pour repérer les étoiles filantes. Et en plus, il dit « oh elle était énorme celle là ». Oh ça va hein. Moi j’en vois rarement. Et encore, je ne suis jamais sûre de ce que je vois « c’en était une là ? ou c’était un avion ? ».

En voie lactée, je ne suis pas très douée. Je n’ai toujours pas compris pourquoi l’étoile du Berger se déplace (comment ça la terre tourne ? ben d’accord mais l’étoile du berger n’est pas obligée de faire la même chose alors hein) et où ils ont mis la lune (disparue… introuvable. Encore avec le soleil la coquine ?). L’étoile du berger. Ce nom me fait bien rire. Parce que j’en ai croisé un de berger il n’y a pas longtemps et je peux vous dire que la nuit, il ne balade pas ses moutons sous les étoiles: il dort. Une étoile pour le guider ne lui sert à rien. Ou alors c’était pour les bergers de l’ancien temps avec des moutons somnambules. Cette étoile devrait s’appeler « l’étoile des camping caristes perdus », là ce serait utile.

Comme il fait doux, nous restons à diner dehors assez tard. L’ambiance est plutôt magique. Et puis le silence… interrompu par nos franches rigolades et celles d’un de nos voisins camping caristes qui affiche un drapeau gay sur sa roulotte et rigole avec plein de potes autour d’un feu de camp et une bière à la main.

Un soir, Patrick teste un des bonbons récoltés par les enfants à Halloween. La noirceur de la nuit nous empêche de le voir changer de couleur : « mais qu’est ce qu’ils ont mit là dedans ? c’est hyper fort… ! » et là on part en délire. Patrick met Arnaud au défi de goûter lui aussi au bonbon rouge. Ce qu’il fait. « ah oui c’est fort… très fort » et il toussote en s’étranglant à moitié. Un mélange de Cannelle et de piment. « ah j’ai compris, tu le gardes dans la bouche et il ne faut surtout pas le bouger de place, parceque là où il est, ça anesthésie et on sent moins » ouarf qu’est ce qu’on se marre ! et pendant ce temps là Patrick reprend sa respiration. « mais ils donnent ça aux gamins ? ils veulent les éliminer ou quoi ? » « oui seuls les plus vaillants survivent, c’est la sélection naturelle ! ». Une bonne tranche de rigolade sous les étoiles, je vous jure.

Ces jours ensoleillés tapent sur la tête à Arnaud car il veut couper ses cheveux. A la tondeuse. Ah non hein ! tu vas être moche avec des cheveux hyper courts ! ah si, je m’enfous ça repousse ! ben pas moi , déjà que t’es tout barbu, faut pas en rajouter hein ! ben si. Ben non. Arnaud saisit la tondeuse et se met à se tondre tout seul sous mes protestations. Et voilà, au bout de 10 minutes, il a autant de poils en haut de sa tête qu’en bas. « je ressemble un peu à grégory là non ? et si je me faisais pousser la barbichette comme damien ? »(ce sont deux de ses frères). Ah non c’est bon hein. On ne va pas faire toute la famille non plus. Arnaud, les cheveux courts, ce n’est plus qu’une grosse bouche qui se balade au milieu d’un visage. Me voilà mariée à un bagnard sortit de prison.
Tant pis pour lui, les blagues sur son cuir chevelu vont alimenter les conversations suivantes.

La piscine de Furnace Creek est d’une chaleur telle que l’on se glisse dedans comme dans un bain. L’eau n’est pas chlorée et provient d’une source naturelle. Virginie et moi rejoignons les garçons après avoir fait la lessive avec dévotion tout en lisant les magasines de potins de stars (dont on ne connaît pas la moitié à vrai dire mais qui nous amuse quand même). Les garçons sont depuis longtemps dans l’eau car ils ont les extrémités toutes fripées. Enfin je parle des pieds et des mains, le reste je ne sais pas.

Le soir, je pends notre linge autour du CC, sur une corde parcequ’il fait chaud. On dirait des romanos. Patrick se marre : « on ne croirait pas que vous êtes des directeurs marketing avec votre roulotte pleine de linge, mouarhh! » Oh ça va hein. Allez on vous met la photo, marrez vous, va.

Nous irons à Bad waters, une sorte de lac qui fait des ronds de sel sur le sol. Je ne sais pas comment il a fait mais il se situe en dessous du niveau de la mer. En fait on s’en fout mais ça a l’air important comme info. Des petits malins trouvent rigolo d’écrire leur nom dans l’épaisseur blanche du sel ou de faire des trous pour voir jusqu’où ça va. Et il y a plein de petits malins dans le coin.

Puis la balade des artistes, ainsi nommée car la roche est de diverses couleurs comme la palette d’un peintre ; tantôt rose, bleue, violette, blanche. Ah ben donc, il n’y a pas que du marron ici.

Nous profitons du fait d’être assez espacés les uns des autres pour faire les évaluations de musique des enfants. Ils doivent –entre autres- enregistrer chacun, une chanson à l’aide d’un CD instrumental. On triche, ils ne connaissent pas les paroles qu’ils sont sensés avoir appris par cœur. Ils les lisent. Les quelques répétitions avant enregistrement doivent nous faire passer pour des dingos auprès des voisins : la musique enfantine qui résonne ( la tortue de monsieur pointu qui se retrouve à poil car elle perd sa carapace et le chasseur de canetons à cheval sur un bâton qui fini par se casser la figure, voyez le genre..), les petites voix des enfants qui râlent autant qu’ils essaient de chanter, et moi gesticulant en battant le rythme et en mimant les paroles : « …et titontaine et titontaine et titonton… » … qu’est ce qu’il faut pas faire…ça fait pas très « vallée de la mort » tout ça. Remboursez. Heureusement pour eux, les pomel sont partis en balade… Le résultat n’est pas terrible mais tant pis.

En repartant le dernier jour, et comme notre frigo est vide, nous allons manger un hamburger au café de Furnace Creek. Le camping d’en bas (un autres), se remplit chaque jour de camping caristes car c’est bientôt les 200 ans de la découverte d’une mine d’or à Death Valley. Il en arrive de partout pour faire la fête.

Au restaurant, le serveur nous colle du « how are you ? ». Ils le font tous. La caissière, les serveurs, les personnels divers et variés. Certains poussent même le zèle à nous demander comment s’est passée notre journée. Super sympa les américains. Mais nous en tant que français, nous n’y sommes pas habitués. J’ai toujours quelques secondes niaises quand la caissière me traite de « honey » et me demande comment je vais. Bah euh ça va et toi ? c’est cool le wal mart ?.



L’autre jour dans un supermarché, à peine entrée, je me fais attaquer par surprise par un « how are you dear ?». Je tourne la tête, c’était la fleuriste planquée à côté de l’entrée. Plus loin, je vais au rayon fruit et légumes et là c’est le gars qui range les concombres qui me demande de mes nouvelles. Au rayon bien être, la demoiselle qui range ses shampoings me demande si ma journée se passe bien. On ne peut pas faire ses courses tranquilles dans ce pays. En plus les clients en rajoutent, ils se font des politesses entre la viande et le pain de mie. Et bien nous, ça nous fait drôle. En France, quand on rentre dans une boulangerie, on ne dit pas à la dame « salut comment ça se passe ta journée mon chou ? ». Non on lui demande poliment une baguette et on s’en va. Si elle a des soucis, on s’en fout royalement. On ne veut même pas le savoir du moment qu’elle continue à faire cuire ses croissants. Et ben c’est bien dommage ! Qui sait qui va m’appeler « honey » ailleurs qu’ici alors que je vais la corvée des courses?!

Nous quittons les pomel à regret pour nous diriger vers Las Vegas. Nous les retrouvons finalement dans la ville suivante stationnés au Wal mart. Nous passerons la nuit au casino d’en face où Arnaud et Patrick iront se taper une bonne bière en papotant entre aventuriers camping caristes qu’ils sont. Nous nous quitterons cette fois pour de bon le lendemain matin. Voici leur site :
http://www.uneparenthese.net/

Prochaine étape : Las Vegas !
















































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