mercredi 17 août 2011

Dernier chapitre : Philly, New york et … Paris

2011_06_26_IMG_5615Nous ne resterons que trois jours à Philadelphie. Ce sera suffisant pour humer l’ambiance et visiter le quartier historique. Tout du long, J’entends Bruce Springsteen me chanter ses « la la la, on the Streets of Philadelphia.. » dans les oreilles. Sur le bord de l’eau, c’est la fête. Des concerts sont organisés pour le plus grand plaisir des badauds venus s’empiffrer de hot dogs ou de grillades en famille. Partout Benjamin Franklin, le père fondateur est omniprésent. Cet homme aurait dit «  tout homme a deux patries : la sienne et la France ». Waouh. Le bonhomme savait tout faire : imprimer, inventer, politiser, rédiger. Le gars énervant quoi.

2011_06_26_IMG_5619Philadelphie a une ambiance particulière et nous verrons des tas de trucs y compris le musée des sciences où les enfants feront un faux enregistrement d’une présentation météo. Rigolo. Dans le bus, le chauffeur plaisante copieusement avec ses passagers. Folle ambiance dans les transports en commun. La dame derrière moi hurle à pleins poumons pour rigoler avec lui. Ce serait plus pratique qu’elle s’installe à l’avant la madame, heeeeeein ? Ben oui mais on en profiterait moins, voyons.

2011_06_26_IMG_56102011_06_26_IMG_5589Dans le quartier chinois, nous en profitons pour prendre nos billets de bus pour New York, notre dernière étape du voyage. Le bus est très pratique : pour moins de 7 euros par personne, nous allons de ville en ville. Les chinois ont une compagnie de bus un peu moins chère que les autres. Le gars derrière sa vitre est mal aimable. Visiblement je l’emmerde avec mes questions. Il me balance à travers la fente de sa tour en verre, un prospectus avec les horaires et ce, sans un mot. Commence à me plaire celui-là. Apres avoir choisi notre horaire, je lui annonce que nous achetons 4 billets donc. « Non. Pas avant 13h » me dit-il avec mépris comme si je commettais le crime de lèse-majesté. Moi petite cloche insignifiante. « et pourquoi, pas avant 13h00 ? ». Je suis chiante hein ? Je m’attends à l’explication du siècle. Un truc genre le système est en panne ou la procédure implique que patati patata. Sa réponse est au-delà de mes espérances : «  parce que c’est comme ça ». Et il regarde ailleurs.

2011_06_27_IMG_5662J’en aurais avalé ma glotte pour un peu. Il se fout de ma gueule ou quoi là ?! Ma colère monte en moi aussi vite que le mercure d’un thermomètre placé sur une ampoule. Il commence à me gonfler. Je lui balance à mon tour son prospectus dans la fente de la fenêtre. Retour à l’envoyeur. « you are so unpleasant ! ». Et on tourne les talons avec, comme dans les BD, des tas de hiéroglyphes au-dessus de nos têtes. La gentillesse doit être taxée à Chinatown. C’est pour ça qu’ils font tous la gueule. Ça coûte moins cher. Bon sang mais c’est bien sûr.

Le bus de la compagnie concurrente a lui au moins l’avantage de nous avoir comme passagers et d’avoir également le wifi. Ce qui n’a rien à voir. Je surfe sur internet pendant 2 heures. Je tchate sur skype, je prends des nouvelles des stars via Voici, et des nouvelles du monde sur LCI (nettement moins rigolo), je rédige le blog et oups… on est arrivés.

New York c’est toujours une grosse claque. Comme dit la pub pour les bonbons à la menthe « it’s a bit strong ! ». Ici ça grouille. De partout. Le week end c’est pire. Le mètre carré est saturé de gens de toutes éthnies qui se disputent les trottoirs. Les grattes ciels ont la classe et l’ambiance est unique au monde. On pourrait presque s’assoir dans un coin et juste regarder. Nous aimons NY. Sauf que NY signifie la fin du voyage. Dans 4 jours nous prenons l’avion. Je ne veux pas y aller.

Notre hôtel est situé dans le Queens. Plutôt confortable sauf quand la première nuit, nous profitons pour le même prix, de la porte de la cage d’escalier qui claque quand un visiteur vient chercher de la glace ou une boisson réfrigérée, du ronronnement de ces deux machines, des conversations des clients arrivant tardivement dans le hall d’accueil ou se faisant chauffer un truc au micro-onde dans le patio du petit dej situé à quelques mètres de là. Ça fait beaucoup. Le lendemain changeons de chambre. Ça devient une tradition.

Cette fin de voyage en hôtel-restaurant nous pèse un peu et nous conforte dans notre choix d’avoir voyagé en camping-car. En effet, trois fois par jour au restaurant, ça finit par lasser, faire et défaire les bagages aussi, dépendre des transports en commun … adieu le sentiment de liberté procuré par une habitation sur roues. Et partager une chambre avec les enfants, ce n’est pas de la tarte. Ces mêmes enfants qui s’appliquent à bien vous faire comprendre qu’ils ont mal aux pieds, qu’ils sont fatigués, qu’ils ne veulent plus marcher… et que l’on découvre saturés d’énergie au moment du coucher. A se bagarrer. Se filer des coups de pieds en douce sous les draps. Tout foutre par terre. Accuser l’autre. Se lever 20 fois pour des prétextes futiles….

Dans ces cas-là, il y a plusieurs étapes dans l’autorité parentale.

1 : « vous vous calmez ou je me fâche ». 2 :«  vous arrêtez ou c’est la fessée ». 3 : « si vous n’arrêtez pas, pas de jeu de DS ni d’ordi demain. » Je ne sais pas pourquoi on s’embête avec l’étape 1 et 2. Ya que la 3 qui marche.

Qui aurait cru que dans un camping-car nous aurions davantage d’intimité que dans cette chambre d’hôtel. Et bien si. Largement plus. Dans le CC c’est chacun son coin, son lit-chambre à coucher et son petit rideau qui va avec.

A NY, nous faisons ce que nous n’avions pas fait la dernière fois. Musée d’Art, d’histoire, principalement. Je perds Arnaud régulièrement dans la foule. Je me retourne pour dire un truc et mon voisin n’a pas du tout la même tête que lui. Et pour cause. Dès qu’Arnaud voit un gratte ciel qui lui plait, il s’arrête pour faire des photos. Et des gratte-ciel yen a plein. Soho, Time square, central park, c’est chouette. Je veux pas rentrer.

Dernier jour. Le dernier, on y est. C’est arrivé comme un accident. Paf ! Saloperie. Nous laissons nos bagages à l’hôtel et filons partager un déjeuner aussi chaleureux que copieux avec Mona et Axel (l’ancien boss d’Arnaud de chez Smartbox), fraichement installés à NY pour 4 mois. Apres le dej, Il fait très beau et nous faisons du shopping comme tout le monde. Faut bien s’occuper, notre avion ne décolle qu’à minuit. Je veux pas y aller.

Au hasard d’une rue et alors que nous avons le pied droit engagé dans l’escalier qui mène au métro, nous apercevons au loin des camions avec des antennes sur le toit et des caméras dans tous les sens. Tiens tiens, et si on allait voir ? Des hordes de journalistes sont plantés dans la rue face à une maison et font leur reporting en direct live avec le micro mousse et l’oreillette. L’oreillette, nous la tendons vers le journaliste français qui fait son bla bla et nous apprenons ainsi que nous sommes devant la maison de DSK. A peine quelques instants plus tard, deux voitures noires arrivent rapidement et délivrent leur marchandise en 2 minutes top chrono : DSK et Anne Sinclair qui rentrent dare dare dans leur maison sous les flashs des photographes comme des petites souris rentrent dans leur trou. Oh ben c’est notre cochon français ! ça c’est drôle non ?

Et puis l’heure tourne. Saloperie. Nous récupérons les bagages et partons à l’aéroport. Je suis morose. Le reste de la famille est plutôt content de rentrer. C’est vrai que l’hôtel était gonflant mais Paris …. Paris enfin voyons ! C’est …. C’est pas… enfin je veux dire…. Enfin voyez quoi. Le personnel nous refuse la petite photo de clôture dans l’aéroport : pas de photo dans les lieux publics. Sgrogneugneu. J’envisage un moment de m’accrocher à un pilonne mais Arnaud n’est pas d’accord sur le principe. Je répète souvent «  je veux pas y aller…. Je veux pas y aller ». Le toc du langage on appelle ҫa.

Pourtant j’y vais. Je monte dans l’avion. Arnaud est au milieu des garçons et leur sert de canapé (je rappelle qu’il est minuit). Moi je suis à la droite d’une fillette de 12 ans qui déborde sur mon espace vital, en s’allongeant sur son père et en me laissant ses pieds sur les genoux en lot de consolation. Nous regardons des films. Normal on n’arrive pas à dormir. Quand on se décide enfin à laisser une chance a Morphée, le stewart n’est pas d’accord : « ding dong ! Nous espérons que vous avez pu vous reposer. Nous arrivons dans 2 heures à Paris. Dans un instant une collation vous sera servie ». Lumières ! Super. Alors qu’on me dise QUI dans cet avion met 2 heures à manger une « collation » parce que si je le trouve, je saurais que c’est à cause de lui qu’on se fait réveiller bêtement 2 heures à l’avance ! je veux pas y aller !!

Nous atterrissons. Ce sont des choses qui arrivent. Nous sommes en mode « veille ». Rapport au manque de sommeil. On serait presque totalement anesthésiés mais on bouge encore. Plus d’une heure pour récupérer nos bagages. M’énerve ça. En attendant, avachie sur le chariot en fer, près du tapis qui ne roule toujours pas, j’entends la conversation d’un couple derrière moi. Chacun téléphone, elle à sa mère, lui à un copain. «  ouais-euh, c’était trop top-euh ! New York c’est hyper cool-euh, c’est dément! On n’a pas arrêté.  » Suivi d’un cour magistral sur new york et ses tendances, sa vie la nuit et les new yorkais. « ouais-euh, je lui envoie un Sms-euh ». EUrk, j’avais oublié ça, les parisiens qui se la pètent sur leur portable et qui ont tout vu, tout fait bien sûr. Je regarde autour de moi. Les gens pour patienter tripotent leur portable-Ipad-Ipod-Blackberry-Iphone. J’avais oublié ça aussi. La portable mania. Eurk. Je veux pas y aller. Oh ! zut. J’y suis déjà…

Mes parents se dandinent d’un pied sur l’autre d’impatience et finissent par nous cueillir derrière les portes automatiques. Apres le dandinement, le sautillage. C’est bizarre. A partir de là, nous reverrons beaucoup de gens que nous n’avions pas vu depuis 1 an et pourtant c’est comme si nous nous étions quittés la veille, Ils n’ont pas changé. Les enfants par contre… Ya un truc. Trop de banania au petit déjeuner ou une hormone de croissance dans le yaourt, je sais pas. En tous cas, le changement est féroce.

Il fait beau à Paris. Ouais, c’est ça, essaie pas de m’amadouer, je t’ai à l’ œil. La maison est pareille. Le jardin a souffert de la sécheresse. Pour le reste RAS. L’impression d’être partis un week end tellement cet environnement est familier. Les fissures du 1er étage sont encore là et c’est drôle, on les voit encore mieux qu’avant. Faut croire qu’avec le temps, on s’était habitués.

Rien n’a changé ici. Toujours la même musique qui passe à la radio et les mêmes sketchs sur rire et chanson. Les mêmes modèles de voiture. Les mêmes émissions à la télé. Les mêmes tronches. Ah non ! que dis je, chez Leclerc, ils ont agrandit le rayon fruit et légumes. Dans un délire de créativité, ils ont même changé les produits de leur rayon d’origine. Sympa. J’ai mis 10 minutes à trouver du curry.

Le décalage horaire nous tient l’œil alerte jusqu’à 4 heures du matin et l’œil vitreux au petit matin. Nous mettons le réveil à 8 heures pour nous forcer à nous caler sur les activités du soleil.

Je suis ici mais ailleurs à la fois. Dans la cuisine, je ne sais plus où se cachent les plats ou les casseroles. C’est là, ah non c’est ici. Je reprends notre voiture pour aller faire des courses. J’essaie de desserrer un frein à main à gauche qui n’existe pas, pas plus que la 6 eme vitesse. Je me déporte trop dans les virages et je conduis brutalement. Je n’ai plus l’habitude. En revenant je me souviens pourquoi on avait changé de voiture (voiture revendue avant notre départ) : essuies glaces en grève, capteurs de pneus en panne, châssis qui craque, courroie de distribution à changer… Welcome back home dear…

La grisaille parisienne et son temps pluvieux nous frappent en plein dans le mille. Depuis pratiquement un an, nous n’avions pas eu de pluie ni de nuages. Notre bronzage tourne au gris comme un capteur témoin de notre humeur. Parce qu’il faut le dire on déprime. J’avais pourtant prévenu : je voulais pas y aller. Les émotions se disputent au milieu de la nuit et nous tiennent éveillés. Et si le meilleur passage de notre vie était désormais derrière nous ? Et si nous ne vivions plus jamais rien que du train train de « survie » ? Cette pensée m’obsède alors que nous revoyons notre entourage. Je constate avec désespoir que rien n’a changé dans les préoccupations quotidiennes. Ce qui signifie que le temps passe et que nous vieillissons sans aucune contrepartie. C’est toujours le même refrain. Le boulot : trop de pression, trop de kilomètres, trop de chefs cons, trop de boulot, trop de trop quoi. Quoi de neuf depuis 1 an ? euh… une nouvelle voiture, un écran plat, des cheveux en moins, du bide en plus… déprimant. J’entrevois déjà les grèves et les gastros de rentrée sous une pluie tenace alors que les jours raccourcirent.

Nous, qui avions en 1 an croisé tant de visages d’hommes, de femmes et d’enfants, vécu tant de partage avec des inconnus, et de situations inhabituelles. Nous avons admiré tant de paysages aussi, ceux qui nous ont rappelé que nous étions bien peu de choses sur terre et non pas des marathoniens de la valorisation sociale…

Nous reprendrons nous aussi le cours de la vie « normale » et nous le ferons au chausse-pied car nous n’avons pas le choix. Bientôt nous achèterons une voiture et des vacances au ski, comme tout le monde. C’est inévitable. Et bientôt, nous nous encombrerons de toutes ces choses dont nous n’avions pas besoin, car nous avions alors l’essentiel. La preuve en est : je reprends mon sac à main que je traine comme un boulet, je rallume mon portable que je perds régulièrement. Pas question de mettre une montre toutefois. Ya des limites oh ! Curieusement nous avons gagné en confort mais perdu en authenticité.

Je me donne 3 mois pour caler mon pas sur le pas des automates parisiens.

Mais une chose est sûre désormais, dans nos cœurs, plus rien ne sera comme avant…et je contemple souvent cette photo, symbole de notre voyage et de ses libertes…2010_11_25_IMG_0854