Nous voguons a cœur de la Sierra Nevada, la reine des lacets de montagne. Le temps est névrosé : un coup je te mets du beau, un coup je te mets du moche. Niquedouille je t’embrouille. Tu ne sais pas à quel nuage te fier? tant pis pour toi, bienvenue en altitude.

Nous laçons et nous délaçons donc en cadence pendant au moins 3-4 heures. Avec quelques stop photos tout de même. Puis du haut de notre ultime arrêt, voici le Mono lake. Tout plat, tout bleu, tout salé. Très salé (2,5 fois de plus que l’océan). Il n’y a que des micros crevettes qui survivent là dedans et des canards qui flottent de toutes leurs pattes à la surface. Des concrétions de calcaire ont formé des silhouettes d’halloween qui émergent de l’eau. La nature s’amuse comme une folle.

Nous laçons et nous délaçons donc en cadence pendant au moins 3-4 heures. Avec quelques stop photos tout de même. Puis du haut de notre ultime arrêt, voici le Mono lake. Tout plat, tout bleu, tout salé. Très salé (2,5 fois de plus que l’océan). Il n’y a que des micros crevettes qui survivent là dedans et des canards qui flottent de toutes leurs pattes à la surface. Des concrétions de calcaire ont formé des silhouettes d’halloween qui émergent de l’eau. La nature s’amuse comme une folle.
Le temps donne des couleurs irréelles à la vallée et à ses prairies au moment où nous stoppons au cam
ping du coin. La mémé pince sans rire nous attribue notre emplacement en nous expliquant que les jetons pour la douche durent 5 minutes et qu’après c’est l’eau froide toute seule qui prend le relais sans prévenir. Je sens que ça va me plaire…Et effectivement, dans ces conditions, la douche n’est plus un moment de détente. Je rentre dans la cabine de douche en accusant du regard le pommeau de douche avant même d’avoir fait couler l’eau. Fais gaffe toi je t’ai à l’œil. Puis je mets en route. Ça coule chaud mais je guette entre deux bulles de savon, le moment où mon instinct va me dire que la douche froide arrive. Un très discret « clonk » se fait entendre et clac ! je remets un jeton. Ah-A ! même pas peur, je t’ai bien eu hein. Ah mince. Je n’ai plus rien à laver. Bon ben je vais chanter une chanson.
La nuit, le vent nous prend pour des masos et nous fouette comme un dingue en faisant tomber feuilles, branchages et autres pommes de pin sur notre toit dans des sonores « bong ». Dehors il pleut fort et c’est comme des milliers de petits coups de poing sur notre tête. « Bong » « ping » « paf » « wizz ». On se croirait presque embarqués dans une chanson de Gainsbourg.
Au petit matin, le vent est toujours fâché. L’autoroute 120 qui doit nous mener au parc de Yosémite est fermée pour cause de vent et de pluie(neige) déchainés. Ah ben v’là autre chose. Le gars du centre info, nous conseille de faire tout le tour pour aller au parc sans attendre car la route ne sera peut-être ouverte que Mardi . Nous sommes dimanche. Ce ne sera « que » 8 heures de route de détours. Hum. Pas cool. Refaire la route en sens inverse, plus les kilomètres supplémentaires, plus les préposés aux bananes de nouveau (les douaniers)… bof. Nous cogitons toute la journée sur la décision à prendre.


Au petit matin, le vent est toujours fâché. L’autoroute 120 qui doit nous mener au parc de Yosémite est fermée pour cause de vent et de pluie(neige) déchainés. Ah ben v’là autre chose. Le gars du centre info, nous conseille de faire tout le tour pour aller au parc sans attendre car la route ne sera peut-être ouverte que Mardi . Nous sommes dimanche. Ce ne sera « que » 8 heures de route de détours. Hum. Pas cool. Refaire la route en sens inverse, plus les kilomètres supplémentaires, plus les préposés aux bananes de nouveau (les douaniers)… bof. Nous cogitons toute la journée sur la décision à prendre.
En attendant, nous nous baladons et déjeunons près du lac aux formes …informes. Autour de nous les couleurs sont phénoménales allant du plus clair au plus obscur. Là haut accrochés aux montagnes qui nous entourent, les nuages noirs saupoudrent de blanc les sommets. Et le vent, toujours lui, nous secoue le cocotier. Tellement fort que malgré nos 3 tonnes 5, nous sommes ballottés comme dans un bateau. A plusieurs reprises, j’ai bien cru qu’on allait se renverser. Et là la question tombe : « Arnaud, rappelle moi pourquoi on est là en pleine tempête à se les geler, au milieu de nulle part avec une route fermée pendant 3 jours et –4 degrés la nuit ? hein ? tu peux me rafraîchir la mémoire ?! » Arnaud se marre. Chaque bourrasque le fait marrer tandis que les enfants crient « j’ai peur ! ».

Que faire dans un camping car quand il est si tôt et qu’on ne peut plus bouger ? On peut s’amuser à compter ses doigts mais c’est beaucoup trop rapide. Et même si on compte ceux du voisin. On peut regarder le plafond mais c’est ennuyeux. Bon. D’abord, on refile aux enfants leur questionnaire de ranger, ce qui les occupe facile 30 minutes. Dehors, il pleut. Ensuite on se lance dans une partie de «monopoly monde » en famille. Celle-ci se termine abruptement au bout d’1h30 quand Gabriel se désespère bruyamment de récupérer Montréal pendant que son père magouille pour me soutirer Jérusalem et que Mathis crie qu’il se fait arnaquer quand on essaie de lui échanger une carte d’énergie éolienne contre Vancouver. Dehors il pleut.

La nuit, le sommeil est aussi agité qu’au dehors. Une phrase m’obsède toute la nuit, elle revient toujours entre deux pincées de pseudo rêve. Au réveil, ça sort tout seul: « Arnaud, on va arrêter les conneries là hein. Le froid, le vent, la pluie, la tempête… c’est bon. On se casse ? » « je crois bien oui ! ».



La ville s’est ensuite construite à la vitesse grand V et s’est maintenue jusqu’en 1930. Ils ont bien bossé parce qu’ils ont extrait pour 35 millions de dollars d’or et d’argent dans les 33 mines du coin. Des mines ? quoi des mines ? je croyais que les chercheurs d’or, étaient tous en rang d’oignons au bord de la rivière à espionner leur voisin tout en faisant des hulahoop avec leur bassine. Non ? Argh quelle déception… Au lieu de ça, il y avait des miniers crasseux avec une lampe sur la tête, des wagonnets en fer, des circuits hydrauliques et tout le toutim.

Comme ça ne suffisait pas, le climat était plutôt froid : jusqu’à -40 degrés en hiver et à voir les petites planches ridicules qui leurs servaient de maisons, on comprend que beaucoup mourraient de froid.

Ce n’est pas peu dire que la ville est dans un état de délabrement figé. Mais c’est justement ça qui lui confère un charme fou et une ambiance western unique. Nous partons dans une visite qui durera 3 heures, le soleil sur la tête et la goutte au nez (4 degrés… vous suivez ?) : la balade se fait au milieu des maisons, églises, écoles, boutiques, hôtels, écuries, scieries, banques…. La plupart des bâtiments sont fermés (trop fragiles) mais on aperçoit en collant notre truffe humide sur les fenêtres poussiéreuses, des tas de détails émouvants : des chaussures sur le sol, un lit et ses ressorts, des tapisseries à fleur, des cadres sur le mur, un vieux journal vantant les mérites de l’aspirine, un landeau, une théière en métal, les marteaux et le soufflet du maréchal ferrant,

Dans la rue principale qui traverse toute la ville, et alors que le vent balaye les brindilles sur le sol et qu’il fait grincer les portes rouillées, j’entends dans ma tête la musique d’Ennio Morricone, celle qui faisait si peur à mon chat dès que les premières notes sonnaient dans la maison. Le chat se cachait directement sous la table, les oreilles de côté et ça marchait à tous les coups. Et moi, sadique, ça me faisait beaucoup rire. Bref. Je m’égare.
Le fascicule d’aide à la visite nous parle des Suart, Cain, Dolan, Kirkwood, miller, donelly, cameron et autres Mc Donell. Et même un mac donald qui s’est fait sauter avec 2 tonnes de dynamite. Mais il n’a pas fait exprès. Tous des notables de l’époque. Les seuls à avoir eu le droit d’être enterrés dans le cimetière à l’est de la ville. Les autres sont sous terre en vrac sans rien pour les identifier ni en lieu ni en identité. Sympa.

L’école, surmontée de sa petite cloche est presqu’une replique de celle de Laura Ingalls avec ses bancs, tableaux noirs, posters, mape monde et même un petit piano. Il y a encore des dessins d’enfants au mur… J’imagine les gamins se jeter des boulettes de papier dans le dos de la très respectable maîtresse et se courir après dans la cour avec des bouts de bois dans les mains.
Cette visite est follement excitante, les bâtiments ont un bois cuivré et des infimes détails nous racontent leur histoire. Quel privilège de voir ça, une authentique ville du far west en l’état !

Mais je deviens schizo à force d’entendre et de voir des fantômes. Partons donc.
Nous sommes mardi, nous retournons au poste des Rangers : l’autoroute 120 est ouverte ! youpi tralalère ! tagada tsoin tsoin ! Pas besoin de se taper 2 jours de route supplémentaire, nous filons donc sur cette route tant convoitée. Version escargot le retour. A croire que tout le monde en avait gros sur la patate : il y a un monde fou sur cette route. Ils étaient tous au taquet pour y venir. Comme nous.

Les garçons en profitent pour faire une bataille de boules de neige. Avec les gants de la vidange et ceux du plein d’essence au diesel. Ben quoi, on improvise.

Ensuite ce sont des tas de miles avec vue plongeantes, rochers polis (bien élevés), prairies où serpentent des filets d’eau cristalline discrets mais charmants (sauf qu’ils ont oublié d’y mettre des poissons dedans), le tout avec la musique du Ipod. On n’est pas malheureux tiens.
On arrive dans la vallée de Yosémite. Bah c’est quoi ça ? elle est pelée comme une orange cette vallée : toute brulée, des trognons de sequoias tous noirs… Pas terrible ça. Est-ce une des nombreuses incendies provoquée et contrôlée par les rangers ? Oui parcequ’on ne vous avait pas dit que les rangers, sous leur chapeau, sont en réalité de vrais graines de voyous : il mettent le feu dans la foret quand ça leur chante et ils tuent les ours.
Ils disent que c’est pour permettre le renouvellement naturel de la flore et pour protéger les citoyens de l’agressivité des ours. Ouais. C’est ça. En attendant, vu la tronche de la vallée ça se voit qu’ils n’ont pas fait Art Déco.

Heureusement en descendant ça s’arrange. Il y a de la cascade messieurs dames. De la petite longue, de la grosse petite et aussi une qui est la plus haute des USA. On la mitraille tellement pendant ces 3 jours où nous resterons à Yosémite, qu’Arnaud m’annonce un soir : « on a fait tellement de photos de la chasse d’eau qu’il va falloir en supprimer ». La chasse d’eau ? Ah oui. J’oubliais qu’Arnaud a son propre langage. Mathis, lui, en profite pour perdre encore une dent, la deuxième depuis le début du voyage. Il est content comme tout. Il aura un Harmonica comme cadeau de petite souris. Ici elles sont costauds, elles trimbalent des sacrés trucs sur leur dos.

Un matin, Gabriel nous annonce qu’il veut être « botteur de cul » plus tard. Pour 1000 euros, il irait botter le cul de quelqu’un. Ouais pourquoi pas. Ça a de l’avenir. Entraîne toi sur toi d’abord pour voir.
Il fait beau pendant ces 3 jours. Mais en signe de protestation, j’empile consciencieusement mes deux seuls pulls sous mon blouson pour aller me balader. Et je me ficèle avec mon écharpe que je chéris de tout mon cœur. Nous louons des vélos. Au hasard des 2h de balade, nous avons la chance de croiser des tas de biches qui n’en n’ont absolument rien à faire de nous. Elles sont à 1 m de nous et ne nous lancent même pas un regard avec leurs yeux d’elles-mêmes (des yeux de biches donc). Nous croisons pas mal de gens aussi qui nous saluent avec des sourires larges comme des autoroutes par des « bonjour ! ». Un couple nous interpelle. Il est français et elle américaine. On papote. L’Amérique, les enfants, le beau temps tout ça tout ça. Ils en profitent pour nous dire qu’au Mexique, des policiers se sont faits décapiter. Et sinon ça va ?

Le soir, nous allons acheter une pizza géante avec bacon canadien et oignons au comptoir du coin. Le temps qu’elle se prépare, le gars nous donne un biper. Quand ça sonne c’est que c’est prêt. Pour patienter, nous entrons dans le bar juste à coté. Une flopée d’américains sont assis là en groupes et regardent le march des Giants contre je sais pas qui. Du base ball donc. Un jeu auquel je ne comprend rien mais je les trouve marrants en casquette et chaussettes remontées jusqu’aux genoux avec leur bout de baton design qui rate une fois sur deux la balle. Et les riquains commentent en synchro, le match. Enfin ça fait des grognements et des râles. Ambiance conviviale d’autant que ce ne sont pas des pichets de bières qui sont consommés ici mais des bassines entières ! Les toilettes doivent être un investissement rentable dans ce bar.

La pizza vibre. Nous nous dépêchons de rentrer au CC des fois qu’un ours, par l’odeur alléché, aurait l’idée de nous piquer nos oignons.
Nous allons au « Glacier point » qui, comme son nom ne l’indique pas, est le point le plus haut de Yosémite. Il se situe à 1h de route, catégorie « je vomis tout de suite ou j’attend un peu ? ». Il est 18h30, et c’est l’heure du coucher de soleil. Celui ci se couche progressivement derrière les nuages. Il n’avait pas dû être prévenu qu’on allait venir, c’est pour ça. Nous faisons donc des tas de photos grises en compagnie d’autres photographes bien équipés. Et vous savez quoi ? Fait pas chaud. Nous redescendons la vallée en pleine nuit éclairés de nos phares en nous concentrant pour tourner quand on nous le demande et rester bien au milieu quand on ne peut pas faire autrement. Une bande rugueuse se situe pile au milieu de la route. Forcément dans les virages on la mange un peu. Et ça vibre. « ratatac ». Arnaud a des sentiments mitigés à cet égard. D’un côté, il aime bien car les vibrations lui massent l’arrière train et le bas du dos, mais d’un autre coté, il a peur que toutes les vis du camping car se débinent en rythme. C’est vrai que depuis le début du voyage, certains trucs se décollent ou se dévissent ou tombent directement dans notre soupe. Merci Ford.

Après avoir patienté 15 minutes auprès d’un gars au panneau « stop » (pour cause de travaux routiers), nous roulons derrière une « voiture pilote » qui nous montre le chemin. Elle a écrit derrière le conducteur « follow me ». Bon d’accord. Pendant 5 miles, elle nous fait donc descendre la route. On l’aurait aussi bien trouvée toute seule mais on ne veut pas la vexer. Là où on commence à rigoler c’est quand nous croisons en sens inverse une autre voiture pilote qui guide les voitures dans l’autre sens. Deux voitures pilotes chacune sur sa voie parrallèle, on se demande à quoi ça sert…
Frustrés par la grisaille du jour d’avant, nous retournons au glacier point le jour d’après. Tout est pareil sauf qu’il y a plus de monde et qu’il fait beau. Sur ces images ensoleillées, nous quittons Yosémite avec le badge des rangers juniors accrochés dans la « chambre » des enfants et des tas de belles choses dans la tête. Nous avons rendez-vous avec la famille que nous avions rencontrée à Niagara et avec laquelle nous n’avons cessé de communiquer via internet depuis quelques semaines.



Bodie

Super ton blog Estelle ! On voit que tu prends ton temps pour le tenir à jour et que tu y mets tout ton coeur (description des paysages, anecdotes, rencontres, réflexions, lol).
RépondreSupprimerEn tout cas, tu nous fait bien partager tout ces bons moments.
Profitez bien !
Biz
Sébastien