mardi 5 octobre 2010

La montagne, ça vous gagne!

Nous ne resterons qu’une nuit à Calgary. Notre objectif étant de nous diriger au plus tôt vers les rocheuses canadiennes, la plus belle partie du Canada. Déjà à quelques kilomètres de la ville, le paysage change radicalement : une chaîne montagneuse se devine au loin dans un dégradé grisé élégant. De nombreux ruisseaux bordent la route, où des groupes de biches se désaltèrent tout en nous observant. Alors que nous gagnons progressivement en verticalité, l’excitation nous gagne. C’est comme si nous allions aux sports d’hiver (sans la neige).


Pour accéder aux 22 000 km² de parcs canadiens, nous devons nous acquitter d’un droit de 20 dollars par jour auprès d’une jeune fille encabanée. Elle en profite pour nous donner une brochure sur les parcs ainsi que la liste des campings encore ouverts en cette saison. Eh bé. Avec ça, on va pas s’étouffer. Ils sont presque tous fermés. Les plus tardifs, ferment le 11 Octobre. Lorsque nous arrivons à Blanff, il fait déjà nuit. Station la plus proche de Calgary, c’est aussi une des plus chics. Nous découvrons ce village sous les lumières de nuit avec ses petits commerces, tous soignés et en bois, des minuscules églises et ses ruelles bordées de sapins et de ruisseaux. Mignon tout plein. En nous rendant au camping, nous passons devant les très nombreux hôtels du village, tous plus chics les uns que les autres. J’avoue regretter de ne pas y loger ce soir là, d’autant qu’il fait froid et nuageux. Je me serrais bien vue au coin du feu, un chocolat chaud à la main, près d’un lit tout beau qui m’appelle, avec vue sur la montagne. Que neni, ce soir tu dormiras dans ta capucine. Bon ben je vais me faire chauffer du lait et ouvrir les volets.

Il fait donc nuit noire, lorsque nous arrivons au camping. Dans ces parcs, pas de stationnement à la « sauvage ». Pour mieux se stationner, Arnaud fait une marche arrière. Je lui dit « attention, il y a un ar - CRACK- bre ». Il y avait effectivement un arbre derrière nous. Normal en pleine forêt. Au gros « crack » succède un méga silence. Dans ces cas là ma technique est celle de l’« ange qui passe » ; surtout je ne dis rien. Olà non, rien de rien. Pas la peine. Il sait. Je suis contente au passage, que ce ne soit pas moi qui aie fait la connerie ! Cet incident nous contrarie beaucoup même si un bout de scotch répare un peu les dégâts. Pare-choc pété et bord des fenêtres arrières éclaté. C’est sûr que maintenant il est beaucoup moins design notre CC. Remarquez, ça n’empêche pas les canadiens de continuer à nous tourner autour et d’écraser leur nez sans discrétion sur notre plaque d’immatriculation.

La nuit, il pleut. Le lendemain, il pleut. On se les gèle. 10 degrés. Pas marrant. On fait l’école. On déjeune. On fait la sieste. On se ratatine. Et alors qu’il n’y a plus d’espoir, youpi une éclaircie. On se précipite à Banff pour découvrir le village de jour. Après une courte balade dans le centre, gavé de boutiques souvenirs et de pubs, nous visitons un ancien fort protégé par une palissade en bois. (genre rintintin). On y retrace la vie des indiens des prairies du nord : la chasse, les vêtements, les rituels, les symboles, les sceaux d’eau pour recueillir la pluie. Ah non, ça c’est parce que le plafond du musée fuit à cause des intempéries. Je confonds.

Et puis il y a la danse du soleil. Je croyais bêtement que c’était une petite danse sympa en rond en disant des « oh oh oh ». A moins que ce ne soit la danse de la pluie ça ? Faut que je relise Tintin. En tous cas c’est pas ça du tout. Le gars, il se perce les tétés avec des bouts de bois, eux même reliés à des cordes, attachées à un poteau. Plus il tire, plus il saigne, plus il est content. Comme il ne souffre pas assez, il s’enfonce aussi un pieu dans la gorge. Pour faire plaisir aux gens du village car les autres sont assis en rond autour et regardent peinards. J’imagine le chef du village : « bon les gars, qui c’est qui s’y colle cette année pour la danse du soleil ? ben vous êtes où ? les gaaars ? » Eurk. Je préfère la version de Tintin. Sinon, il ya la « salle de sudation », un genre de tente où ils se font des bains de vapeurs individuels en mettant de l’eau sur des pierres chaudes. Et tu ne sors pas tant que t’as pas eu ta vision. Ce que tu veux, un loup, un aigle, un machin qui descend de la montagne et qui te révèle plein de choses sur ton avenir. Si tu sors en ayant vu un truc nul et qui sert à rien, t’as l’air con.

Heureusement tout ça est fort en symbolique et en sens divin. C’est la moindre des choses. En tous cas, nous au hammam, la seule vision qu’on a, c’est la serviette du voisin. C’est parce qu’on n’est pas assez croyants sans doute. Enfin, tout cela est très intéressant. Simplement je me dis que si les indiens n’avaient pas été massacrés pendant des siècles, ils ne seraient pas obligés aujourd’hui de tenir des musées….

Est-ce le mauvais temps ? la fatigue ? les derniers événements ? ce soir là on cafarde en famille. Les enfants surtout. Les copains, leurs grands parents (à qui ils ne « peuvent plus faire de câlins ») et même l’école (c’est dire ) leur manquent. Jusqu’à la crise de larmes, même. Nous communiquons par Skype avec nos parents assez régulièrement ce qui nous permet non seulement de nous entendre mais aussi de nous voir (webcam) (je profite très largement des grimaces que mon père s’amuse à faire à ces occasions). Cela raccourcit les frontières facilement. Mais visiblement ce soir là, ça ne leur suffit plus. Nous savions que ces « bas » arriveraient et presque 2 mois après le départ, nous avons un gros coup de mou collectif. Nous pensons à nos proches, à notre maison. Et nous décidons que si ce blues persiste plus d’une semaine, nous rentrerons. La nuit, nous gardons les idées fraîches car il fait 4 degrés.

Heureusement le lendemain, il fait un temps radieux. La montagne, sous le soleil, c’est quand même à tomber. Première étape le Lac Moraine. Un des plus sauvages de la région, il n’est accessible que quelques semaines par an car le reste du temps il est gelé et la route pour y accéder fermée. Tout le monde le sait car nous ne sommes pas seuls sur le parking. Une petite escalade sur des rochers et nous voilà saisis par une vue extraordinaire : une horde de japonais mitraillent le lac. (Vue de dessous ils sont vraiment drôles). Non la vraie vue qui tue c’est bien évidemment sur fond de glacier, un lac aux eaux turquoise qui s’étend paisiblement. La couleur de l’eau est vraiment incroyable, un tel bleu parait même artificiel. Dommage qu’il fasse 10 degrés, on se serait bien baignés ! Nous longeons ensuite le lac pendant 1h. Les enfants se prennent pour des « aventuriers » en grimpant sur les nombreux rochers et autres bois morts qui entourent le plan d’eau. Et là on se dit que ça valait le coup d’avoir un peu froid.

Le camping du soir, à Lake Louise nous laisse perplexe : les emplacements suivent la ligne de chemin de fer (même si celle-ci n’est pas visible) et un panneau est écrit à l’entrée : « soyez avisés qu’il y a de nombreuses nuisances sonores dûes aux trains et ce jour et nuit ». C’est sympa de prévenir. Après avoir payé.

La nuit, il fait –1 degré. Malgré les couvertures, j’ai un peu froid. Je confirme, le CC n’est pas fait pour l’hiver. Arnaud n’est pas assez gras pour me tenir chaud. Du coup, comme je suis réveillée, je compte le temps de passage du train. Comme ici ils font environ 500 mètres de long, ils mettent 204 secondes à passer. Comptez, ça fait long le « tatatatoum » et en plus, pour effrayer les animaux sauvages qui se baladent sur les voies, les conducteurs tirent allègrement sur leur sirène. Ça marche bien : nous aussi on est effrayés.

Le lendemain, le tableau de bord du CC annonce un pudique « température extérieure basse ». Comme dit Arnaud « ça veut rien dire ça ! ça dit pas combien il fait ! ». Même l’eau du camping est gelée dans les tuyaux. Le froid, ça me rend grognone. Arnaud mets le chauffage. Enfin. Pour 45 minutes. Après le soleil prend le relais.

Lake Louise, est le point le plus haut du Canada. Je comprend pourquoi on se les gèle. Lieu touristique par excellence, le lieu est dominé par un immense hôtel de 3 ou 4 bâtiments (le seul) où 3 cars entiers de japonais se font loger. Le lac en lui-même est un cirque de glace et d’abruptes versants rocailleux couverts de sapins avec des eaux émeraudes où des touristes aiment faire du Canoé à 60 dollars la demi heure. Non hormis les touristes, ce lac est vraiment de toute beauté. Nous faisons des sandwichs et partons rejoindre le lac Agnès situé à environ 4km plus haut. Fort audacieux, surtout avec des enfants. Evidement on ne leur dit pas la distance à parcourir, on n’est pas fous. Au lieu de ça, on leur promet un chocolat chaud au sommet. Et ça marche : nos chaussures de montagne nous mènent à bon port au bout d’1h30 environ. Les enfants n’ont pas bronché, ouf ! Par contre pour écouter la nature, avec eux, c’est complètement raté. Mais alors raté de chez raté malgré nos nombreux « chut ! écoute ! » « si tu continues de parler, tu vas t’essouffler ». Tu parles qu’ils manquent d’air ! Bavards comme pas permis, ils papotent à tout bout de champ sur tout, sur rien et pendant longtemps ! Seul un pivert, un oiseau maso, qui se tape la tête(le bec) contre les arbres, les fera taire un instant.

Le lac Agnès se dresse auprès d’un petit chalet –salon de thé dont le bas s’efface en cascade. Un petit coin de paradis. Nous déjeunons les fesses sur les rochers (qui ont l’avantage de nous garder le séant au frais) en observant les « pica » excités. Ce sont des petits rongeurs hyper vifs qui courent dans les trous des rochers en criant des « iiip » aigus. Les enfants font le jeu avec eux du « tu me suis, je te fuis, tu me fuis, je te suis ». Voilà une distraction saine. Le soleil nous réchauffe. Et puis un « ou-hou-hou ! », nous distrait des petits rongeurs un instant : mais quel est cet animal sauvage venu de la montagne ? Ah non, c’est juste un touriste qui a tenté de mettre un pied nu dans l’eau. Visiblement elle est froide. Mouah ah ah.

Un chocolat chaud et un thé orange cannelle au chalet avec vue sur la vallée, achèvent de nous transporter au paradis. Il fait presque doux maintenant. Le soleil fait scintiller l’eau du lac. La vie est belle.

De retour près du lac Louise, il fait presque chaud : 24 degrés ! Pendant les 5 jours que nous passeront dans les parcs, nous vivrons des écarts de température déstabilisants : de –1 à 25 degrés en quelques heures voire quelques minutes. Du coup, c’est au choix : il fait froid, chaud, tempéré, tiède, frisquet, gelé, doux, étouffant, frais… du coup, on enlève la parka, on remet le pull, on enlève le pull, on remet la parka toute la journée. C’est plutôt ludique non ?

Pendant notre séjour en ces lieux, le soleil brille de mille feux et les paysages en profitent. L’été indien est fascinant avec ses couleurs vives. Il n’y a aucune habitation dans ces parcs, simplement des logements parsemés par petites touches sur des kilomètres. Du coup, la nature nous apparaît vraiment sauvage car préservée. Bien sûr il y certains endroits qui nous font penser à nos Alpes natales mais rien de comparable car ici c’est tout simplement immense. Il y a une telle richesse en lacs, ruisseaux, sentiers, cascades que nous ne savons plus où donner de la tête. Eden c’est ici…

Nous changeons de parc, nous ne sommes plus dans celui de Banff mais dans celui de Jasper. A 100 km du Lake Louise, c’est un changement de décor radical : nous sommes au pied des glaciers. A 2000 m d’altitude. Il fait frais mais beau et les glaciers, imposants et menaçants à la fois, ont des reflets bleutés. De là haut, le CC est gros comme un dé à coudre, au milieu de nulle part. Seuls les bus de touristes sont autorisés à monter sur la route là haut (encore nos amis japonais, je crois qu’ils nous suivent. Chut, il ne faut pas qu’ils sachent qu’on sait). Mais on s’en fout : le pied des glaciers suffit à nous impressionner. Tous les 10 mètres, une borne indique une année. L’année où le glacier arrivait jusque là. Ben donc, il fond.

Après une nuit fraîche, le plafond de la capucine est toujours parsemé de gouttelettes qui menacent de nous réveiller sous forme de douche froide. Aussi, je les regarde méchamment dès que j’ai ouvert un œil. Ça les tient à distance. A côté de nous, une famille avec 3 fillettes de 2 à 10 ans campent dans leurs micros tentes. Ils prennent leur petit dej avec des mouffles, des bonnets et des gros blousons. Respect. Je dis plus rien. Arnaud : « ce sont des fous furieux ! ». Aussi.

Et puis nous cherchons la petite bête. Enfin plutôt la grosse. La vitesse maximum dans les parcs est de 60km/h et des panneaux clignotants nous avisent régulièrement qu’il y a des animaux sur la route. Où ça ? Ou ça ?. Du coup, on cherche dans les bois, chacun d’un côté : « tu regardes à gauche, moi à droite » . « tu dis hein si tu vois quelquechose ».
La journée, que dalle. Et puis à la tombée du jour, plus besoin de chercher, les bêtes sortent toutes seules. Les voitures s’arrêtent. Des biquettes des montagnes peu farouches se laissent photographier. Visiblement elles attendent un dédommagement. Mais il est clairement interdit de nourrir les bêtes sauvages. Elles avaient qu’à savoir lire. Plus loin, un troupeau entier de wapiti broutent l’herbe du bord de route. Ce sont toutes des femelles. C’est la saison du rut, c’est écrit partout. « les mâles sont particulièrement agressifs pendant cette période » . En haut de la colline, le mâle, majestueux avec ses bois, surveille ses femelles. Il a galéré pour les avoir, du coup il ne les quitte plus des yeux. Un mâle pour une dizaine de femelles. Arnaud, envieux : « yen a qui ont vraiment un job de rêve ! ». Sans doute mais le mâle, il pousse un cri à vous décoller les lentilles de contact. Je ne sais pas ce qui pousse les femelles à rester avec un mâle qui braille toute la journée. L’instinct sans doute. Remarque il y a des jours, Arnaud il crie aussi et je dis rien. ;)

Le soir au camping, Arnaud en sortant du bâtiment où se prennent les douches, se retrouve nez à museau avec un mâle Wapiti. Comme Arnaud n’avait pas l’air d’une femelle, ou en tous cas pas très sexy, il a repris sa route. Des grizzlis, nous en verront beaucoup. Sur des affiches.

Le lac Maligne, est un lac immense précédé par un canyon plutôt balèze, 30 km plus haut. La force de l’eau a creusé depuis des années, un tunnel au travers de la roche et vaut mieux pas la contrarier. Quand Arnaud est heureux ou qu’il veut faire le con, il prend l’accent du Nord « ché bio heeeinnnn ? ». Oui, calme toi.
Au lac, nous ferons une longue balade pic-niquée au soleil. 24 degrés ! incroyable ! décidément on ne sait plus où donner du pull dans ces parcs. Nous trouvons un rocher sur lequel somnoler face au lac. Pas de bruit (à part les enfants, visiblement bien remis…), l’odeur de la résine des sapins, les petits écureuils qui grignotent discrètement… On est bien. Puis Arnaud décide de mettre ses pieds dans l’eau. Au début il reste stoïque, puis il sort au bout de quelques secondes en sautillant « ouh ouh ouh ! elle est tellement froide que ça fait mal aux pieds ». J’avais deviné. Après un concours de ricochets, nous terminons la journée par un cookie et un sprite au bord de l’eau. Dans la boutique souvenir, un tee-shirt m’interpelle : (en anglais) « je suis canadien, il ne fait froid que 3 mois par an, donc je ne vis pas dans un igloo ; je suis le meilleur joueur de Hockey du monde et nos billets de banque n’ont pas été inspirés du jeu monopoly ». Nous v’là prévenus.

Nous quittons les parcs au matin du 5 ème jour direction la Colombie Britannique dont l’une des villes principales est Vancouver. Et comme disait le Cid, (a quelque chose près) : nous partîmes à 1300 m ;mais par un prompt effort, nous nous vîmes à 300 m en arrivant à bon port.

Merci pour vos commentaires que nous recevons tous . malheureusement nous en pouvons pas vous répondre car le système ne le prévoit pas. Si vous souhaitez nous écrire en direct :
famille.lecherf@gmail.com. A bientôt












































































































































































































































































































































































































































































5 commentaires:

  1. Ouahh !!!! Une beauté magique ces lacs.
    Superbes photos et commentaires.
    Craquez pas, le sud et les plages vous attendent.
    Bises Eric & Nad

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  2. Tenez bon... A quand le chaud? Bisous
    Christine

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  3. Quel plaisir de vous suivre sur la route !
    Tenez bon on est impatient de connaitre la suite de vos aventures...

    Bisous
    Shohreh&Dominique

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  4. Coucou... Ou êtes vous? J'ai pas ma semaine d'aventure:=(. en france c'est la galère!!! Des grèves, des, grèves, des grèves .... Les enfants se régalent de sandwich a la cantoche. Au moins certains adorent cette periode et ns on rale sur la route. On se caille aussi. 10° ce we. On vous embrasse. Chris, Stella et tine.

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  5. Magnifiques ces paysages !!! Ca fait envie !

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