jeudi 23 septembre 2010

Middle of nowhere attitude

Nous passons la frontière canadienne le 16 Septembre à travers « Niagara falls ». Côté américain, un troupeau de nigauds en uniforme nous attend au milieu de la voie. Le chef, celui qui a les tempes grisonnantes et tout le sérieux que lui confère l’autorité, examine nos passeports en nous demandant quel est notre travail. Nous sommes de modestes directeurs marketing monsieur. (enfin « ex » mais ça tu ne le sauras jamais). Puis les canadiens font la même chose. On ne descend même pas du véhicule. Cinq minutes au total. Mais moi je ne suis pas satisfaite. Personne n’a tamponné notre passeport pour spécifier que nous étions sortis des USA. Hors quand nous voudrons y retourner, comment seront-ils à quelle date nous sommes sortis du territoire ? Parce Que pour ceux qui l’ignorent, nous ne sommes pas autorisés à rester plus de 3 mois aux USA.

C’est moi qui conduit et je veux retourner aux douanes. Même s’il pleut. Même s’il fait nuit. Même s’ils ont dit que c’était OK. Du coup je fais des tours et des tours pour y retourner et tenter de me garer. Pas si facile. Il nous faudra 45 minutes. Arnaud s’énerve. Il ne voit pas l’utilité d’y retourner. Une fois garés, nous retournons voir les douaniers canadiens ventripotents. Le gars me regarde lui expliquer notre problème. Pour lui il n’y en a pas si on retourne aux usa avant décembre. Oui mais si j’y retourne en novembre, il ne me restera qu’1 seul mois de visa non ? Bah oui. Et donc je fais comment si je veux y rester 3 mois ? Vous voulez pas mettre un coup de tampon pour montrer que le compte à rebours s’arrête ? . Le douanier a la tête du mec qui se creuse les méninges devant « question pour un champion ». Malgré son air concentré, il n’en sait rien. « allez voir les américains ». Ben voyons.

Nous arrivons en tant que modestes piétons après avoir traversé le pont qui relie les deux états. Le jeune loup, nous regarde avec l’air suspicieux. C’est celui qu’on lui a apprit à l’école des douaniers. Je lui explique que nous avons déjà passé la frontière 2 fois et patati et patata. Il s’en fout, il veut me reposer les mêmes questions que ses collègues. Ça doit faire partie de la « To do list ». Oui on est français, non on n’est pas à l’hôtel (on aimerait bien), oui on est en CC, oui on travaille mais on a pris 1 an, si c’est possible puisque je te le dis… blablabla. Il m’énerve, c’est bon, on veut pas y retourner maintenant aux USA, il n’est pas obligé de nous poser toutes ces questions, c’est pas le débat. Est-ce que je lui demande moi si sa chemise est amidonnée et s’il se brosse bien les dents tous les soirs ?!
Bref, déçu de ne pas avoir pêché un gros poisson plein de cocaïne, ou trouvé des poseurs de bombes, il nous dit que ce sont les canadiens qui doivent détacher le visa et rentrer la date dans l’ordi. Quelle bande de navets. Visiblement ils ne sont pas au courant. Nous repassons donc sur le pont en sens inverse, lassés. Nous arrivons devant un douanier spécial « piétons » qui a son air suspicieux bien à lui. Il fait sa to do list consciencieusement. On a toujours l’impression d’avoir fait quelque chose de mal avec ces gens là. Il arrache les cartes vertes et nous souhaite bon vent . On ne lui a rien expliqué. C’était le seul douanier canadien à savoir ce qu’il fallait faire. C’était sans doute le major de promo ! et qui c’est qui avait raison ?! hein c’est qui ?

Nous rencontrons une famille française sur le parking du wal mart. Ils sont 5 dont 3 enfants. Un CC acheté au Canada spacieux et chaleureux. Tout comme eux. Nous discutons voyage et faisons connaissance autour d’un café pendant que les enfants s’amusent entre eux. Avoir des copains ça leur avait manqué. Ils viennent d’entamer leur parcours à travers le monde. Ils viennent de nouvelle calédonie et ont tout vendu pour partir 4 ou 5 ans. Nous sommes petits joueurs avec notre petite année en voyage ! Nous échangeons adresses emails et promettons de nous revoir sur la route car leur parcours est grosso le même que le notre . Ensuite ils partent pour new york alors que nous, nous entamons les 3000 kilomètres qui nous séparent de Vancouver.

Avant le grand départ nous allons à une station d’épuration indiquée par l’office du tourisme pour vidanger et faire le plein d’eau. Tout va bien jusqu’à ce que je me mette à laver mes bols : l’eau est noire ! On n’avait rien vu car nous branchons le tuyau directement sur le CC. Certes il était indiqué qu’elle n’était pas potable mais c’est toujours comme ça. Horreur ! nous vidons le réservoir en catastrophe mais le mal est fait : des résidus noirâtres traînent au fond du réservoir. Nous sommes bien contrariés d’autant que nous comptions sur cette eau pour prendre une douche : plus de 2 jours sans se laver, c’est désagréable ! Plus tard nous prendrons de l’eau à un camping. Son eau est jaune. Décidément. C’est là que l’on prend conscience de toute la valeur de l’eau, croyez moi.

Un peu lassés des cartes routières qui ne nous divulguent pas toujours ce que l’on souhaite et n’ayant pas fait de progrès en copilotage, nous téléchargeons la carte USA –Canada sur notre GPS. Hors le téléchargement prend plus de 3 heures. Planqués au dos d’un pizzeria où la connexion internet est bonne, nous patientons en jouant aux cartes. Puis nous dormons sur place. Fallait pas commencer le téléchargement si tard.

Arnaud s’impatiente : il trouve qu’on traîne trop avec nos stops déjeuner, nos vidanges, nos goûters, nos cours etc. « Tu te rends pas compte ! on a 3000 km à faire et il va bientôt geler et neiger ! Faut se dépêcher ! ». Bon d’accord. On roule. On roule. Et puis on roule aussi. 500 km plus tard, on stationne face à une église. La nuit on se les pèle. Mathis se plaint du froid la nuit. On lui rajoute une couverture. C’est bon. Le problème ensuite c’est que le réveil a beau sonner le matin, plus personne ne veut sortir de son lit, seul endroit à peu près chaud. Notre nez-radar indique qu’il fait froid dans l’habitacle. On décide de faire le plein de gaz à la station du coin pour pouvoir se chauffer la prochaine fois. Au matin suivant après une nuit sur une marina, Arnaud courageux, se lève et met en route le chauffage. C’est gentil. Sauf que le temps que le système se purge et tourne bien, ça sent le pneu brulé à plein nez. On est obligés d’ouvrir les fenêtres. Dehors les oies sauvages ont l’air de se moquer de nous.
Heureusement le CC au soleil se réchauffe très vite tout seul. Mathis demande à son père pourquoi je suis gelée (je l’entend de « la salle de bain ») alors que lui, trouve que ça va mieux côté température. « les filles sont frileuses » (et là je me dis que c’est bien vrai oui et pourtant ce ne sont pas les réserves de graisse qui manquent. Les phoques n’ont pas froid avec leur graisse alors pourquoi nous si ? je le savais : de la graisse qui sert à rien.…sgrogneugneu). Mathis philosophe : « ah ! ben c’est à ça qu’on sert nous les hommes ! à réchauffer les filles ! ». ça promet.

Et puis on reprend la route. La plus belle route que nous ayons vu jusqu’ici. Nous longeons pendant des centaines de kilomètres, le Lac supérieur. Un lac gigantesque de couleur azur bordé de sapins, d’érables et chênes qui se parent de leurs plus belle palette de couleurs. Plus tard on se rendra compte que ce sont les érables qui font tout le boulot du beau paysage avec leur « rouge flashy » comme l’appelle Arnaud. Nous croisons de magnifiques rivières et même des plages. Ce sont des émotions vraies devant tant de beauté. Quelle chance. Et tout ça en écoutant tantôt le CD « American dream » (merci les smartboxiens) tantôt les CD enregistrés par Arnaud dans l’ordi. C’est bien sympa.



Après une halte pour déjeuner au bord de l’eau, Arnaud est un autre homme. La nature, l’eau, le cui cui des mouettes, le relaxent et le rendent tellement heureux qu’il ne veut plus partir. Il met ses pieds dans le sable pendant que je prépare des sandwichs et que les enfants construisent des barrages. Avec son look de Robinson Crusoé (il fait grève du rasoir depuis plus d’une semaine. Ça pique. ), il s’enracine. C’est vrai que le spectacle est saisissant de beauté. Mais il y a un mec qui m’a dit qu’on avait des tas de km à faire sinon on allait être pris dans le blizzard. Donc je cueille mes petits et mon poilu et les mets dans le CC. C’est reparti. Sur la route, nous croisons parfois des biches et des ours . Arnaud regarde ! un comme toi tout poilu !

Pendant la route, les enfants jouent à la DS, aux cartes, font leurs devoirs, regardent un DVD et ça se passe très bien. L’avantage d’un CC c’est qu’on peut y faire ce qu’on veut pendant qu’on roule. Parfois l’un de nous fait sa sieste ou donne ses cours pendant que l’autre conduit.
C’est d’autant plus facile que sur ces routes là, à vitesse constante, il ne se passe rien !

Au bout d’un moment on commence à se sentir seuls. YAaaaaaaaaa quelqu'uuuun ??Les voitures et camions se raréfient sur la route ainsi que les villes et villages. Il faut calculer son coup côté carburant. La dernière fois, après 200km, les 3 stations du village n’avaient pas de diesel. Ah la blague ! Heureusement nous avions encore de quoi rouler 100 km. Ces petits villages doivent abriter 3 personnes et demi et nous nous demandons ce qu’ils peuvent bien faire de leurs journées, surtout en hiver. Colin- maillard ? compter les ours ?

Nous dépassons Thunder B
ay. Pour stationner quelque part la nuit, Arnaud-l’explorateur est adepte des petits chemins tous pourris perdus au milieu de nulle part. S’ils sont en sens unique, en terre, avec des trous gros comme des bassines, c’est encore mieux. Voyez le truc avec la marche arrière sur des dizaines de mètres en serrant les fesses ? On s’amuse comme des dingues .


Winnipeg est pile au milieu du Canada. Et rien que pour atteindre ce milieu, ça se mérite. Des centaines et des centaines de km à faire. On expérimente la « middle of nowhere » attitude. Le hic, c’est qu’il se met à pleuvoir et à faire ente 4 et 10 degrés. Comme dit Arnaud, c’est tout de suite moins drôle là. On se demande bien ce qu’on fout là ! Dans les bouquins c’est écrit « ouais c’est trop cool le canada en automne, c’est la meilleure saison patati patata ». Peut être mais de quel côté alors ? Puis Arnaud m’explique. La prochaine destination est le « lac aux dinosaures », grand et magnifique parait-il. Nous y resterons quelque temps. Donc, il n’y aura pas de remplissage d’eau donc il faudra l’économiser (donc pas de douche), pas de commerces (donc pas de bouffe), on pourra pas vidanger et il fera froid. Non pas question d’acheter des couvertures juste pour une semaine. Arnaud ne ferait pas un bon commercial, parce que là c’est pas bien vendu le truc, j’ai pas envie d’y aller. Mais bon comme je peux pas descendre, je vais venir;)

















2 commentaires:

  1. Commentaires toujours aussi croustillants.
    Si cela peut vous rechauffer un peu, il va faire 13° max à Paris ce W.E....
    Bises. La thibaulteam

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  2. ... On se gele a Paris!! Voilà la news la plus importante du we...j'aime pas cette période, j'aime pas l' automne, j'aime pas le dimanche. Trop calme, trop de rien, tristounet, en plus il pleut. Beurk...sinon ça va évidemment! Chris bosse bop, trop. Mais il est chef maintenant. Alors... C cool. Stella est fun : " maman ch'suis grande, ch'suis chez les moyens! Respect.!!et moi je rêve : deco, immo, boulot, ...dodo.vivement notre prochain periple. Un séjour chez les nassiri! Et oui je sais c' est dingue non? Sans rire on adore vos nouvelles, Estelle on se régale chaque semaine. C mieux que loft story. Cc story! Manque plus que la vidéo et les commentaires des lecherf père et fils! Bonne route et a la semaine prochaine! Bonne nuits...ou plutôt bonne soirée? Biz a vous 4.christ & tine & Stella.

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