un canyon, des miracles et Québec

A 6 km de Sainte-Anne-de-Beaupré, nous nous arrêtons au canyon portant le même nom pour voir une cascade de plus de 75 mètres de haut (soit 15 mètres de plus que les chutes du Niagara). Une ballade d’1 heure nous emmène faire le tour et voir la cascade d’en haut, de côté, d’en bas, de tous les côtés quoi. Un pont suspendu à 60m impressionne fortement les enfants et j’avoue que nous n’en menons pas plus large que le pont, nous non plus. Je pense aux poissons. Ils doivent être sacrément agités du bocal après une descente pareille... Mathis cueille des fleurs. C’est interdit. Du coup il les cache dans sa casquette jusqu’à la sortie avec un air coupable. « Maman tu me dis quand on ne me voit plus hein ». Graine de voyou va.

Puis dans la ville de Sainte-Anne, nous nous arrêtons face à la cathédrale sur un grand terrain en compagnie d’autres camping-caristes et face au fleuve Saint-Laurent où un gars se fait les muscles avec son Kitesurf. C’est un plan que nous avait donné un couple rencontré à Tadoussac. (le terrain pas le mec musclé qui frime). Gratuit moyennant un don pour la basilique. ;) Pour une fois nous étions tôt sur notre lieu de bivouac. Nous en profitons donc pour visiter un peu.

Cette ville est connue grâce à sa basilique et ses nombreux miracles ; elle est considérée comme le « Lourdes » canadien. La maquette a même été faite à Paris. La classe. C’est là que j’apprend que la mamie (Sainte-Anne donc, la mère de Marie) de Jésus faisait elle aussi des miracles. C’est une affaire de famille donc. Les miracles c’est sur plusieurs générations. Dingue.

On entre sur le côté et on se retrouve dans un lieu tellement beau que je manque d’en manger mes lunettes. Ça sent bon, les bougies sont belles, le lieu est grandiose. On est bien. Pour un peu, avec une petite musique d’ambiance, on se verrait bien déguster un petit porto tranquillou. (houla ! je blasphème). Arnaud me dit « nan c’est trop bas de plafond pour être une basilique » Monsieur est connaisseur. On n’avait pas vu le premier étage. Immense . Magnifique. Des décorations baroques de partout. Des peintures mêlant une sainte et des iroquois. Original. Des sculptures. Moi qui associait église et odeur d’humidité, sobriété et obscurité (houla ! je blasphème 2), me v’là bien eue.
Témoignage des nombreux miracles accomplis ici, un mur de béquilles se dresse à l’entrée.
« Dieu tient parole, il te donnera l’eau vive ». Oui mais pas gratuitement. Il y a le magasin du sanctuaire, le bureau des bénédictions, le musée Saine-Anne et le cyclotour de Jérusalem. Je n’en demandais pas tant.
Dieu communique High tech : des écrans plats grand format sont apposés de chaque côté de la «scène » (Houla ! je blasphème 3… mais faut dire qu’avec les micros, les écrans géants et les spots, ça fait plus scène qu’autel non ?).

On tombe sur une relique de Sainte Anne. Je penche mon nez dessus. Qu’est ce que c’est ce truc ? Des poils ? des cheveux ? des ongles ? Réponse d’Arnaud : « Un vieux truc dégueulasse. Les reliques de saints c’est toujours des vieux trucs dégueulasses ». Je me marre. C’est vrai qu’a Rome, je me souviens que la relique d’un saint était son bras… beurk.

En tous cas c’est la première basilique où je vois un panneau d’interdiction d’entrer en rollers !! Si j’additionne l’ensemble des interdictions, le gars qui entre avec une casquette en rollers, en dégustant une glace avec un chien à ses talons, il est direct excommunié. Faut faire gaffe.
De nombreuses églises jalonnent notre route. Elles sont toute splendides. Vu la taille des parkings qui se trouvent devant, j’imagine qu’elles sont très fréquentées. Parfois nous croisons des groupements de plusieurs bâtiments avec une pancarte devant « Royaume des témoins de Jéovah ». Impressionnant. Vite accélère des fois qu’il y en ai un qui sorte de là et qui nous demande si nous sommes en accord avec nous même . !

Arnaud part ensuite se balader seul sur les rives du fleuve pendant que j’essaie de cuisiner. Il me prévient « si je trouve une jolie fille riche et amoureuse de moi je reviens pas hein ». Ouarf humour Lecherf le retour. Comme il revient 30 minutes plus tard, j’imagine qu’il n’a pas trouvé ce qu’il cherche. Les hommes sont trop exigeants.
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Il pleut toute la nuit. Nous ne dormons pas bien car nous ne sommes pas habitués au bruit. Les enfants dorment eux comme des loirs chanceux.
Au petit matin, nous traînons, traînons… à tel point que nous déjeunons sur place avant de prendre la route pour Québec en début d’après midi.

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Québec s’annonce dans la brume. Au loin on distingue quelques silhouettes de gratte- ciels et puis tout s’emballe : nous voilà entraînés dans des voies à double sens, des indications dans tous les sens, des voitures qui déboulent de partout. C’est moi qui conduit et plus on approche plus je me sens oppressée. Le camping-car me parait d’un coup être malléable comme une crêpe qui colle au fond d’une poêle. Un géant dans un monde de nains. Je me rends compte qu’on n’avait pas vu le pot d’échappement d’une ville depuis 15 jours et qu’on n’avait presque perdu l’habitude de toute cette agitation. Après l’office du tourisme, puis l’aire de vidange, nous sommes à 17h30 stationnés sur le parking du port dans le vieux Québec.
Ouf on ne bouge plus la bête.
Les débuts sont peu engageants. Il fait gris pisseux, ça caille, on est crevés, ça gigote de partout. C’est quoi cette ville ??
Puis on pénètre dans le vieux quartier. C’est mignon, c’est animé. Ya du monde qui flâne, des petites boutiques. Avec les gadgets pour touristes. (Un pyjama avec des caribous imprimés ça vous dit ? ). Des chouettes maisons. Certains comparent cet endroit à Saint Malo. Ah bon.

Et puis ça grimpe, ça grimpe. En haut nous arrivons au pied du château Fontenac. Enoooorme. Avec le nombre de chambres qu’ils doivent avoir là dedans, ils font forcément appel à Lastminute.com pour le remplir ! Mais la blague c’est que ce n’est pas un château, c’est un hôtel de luxe. Il s’appelle comme ça car il est construit sur les fondations de l’ancien château. Les rois du marketing ces Québécois.

A ses pieds, un spectacle de rue hypnotise les enfants. Le seul dialogue pendant les 20 minutes suivantes est « on y va les enfants ? » « nan attends » mais aussi « allez, on y va les enfants ? » « nan attends ». Bien plus tard donc, nous sommes dans l’artère principale de la ville, la rue Saint-Jean (yen a des saints dans ce pays..). Rien de particulier si ce n’est que c’est une rue piétonne où on peut « magasiner » (faire du shopping) et se restaurer. Nous faisons une halte à la librairie francophone où nous achetons des livres aux enfants « qui puent et qui sentent bon ». Ce sont des histoires avec des pages à gratter. Plutôt réussi. Les restaurants indiqués par le Guide du routard sont pris d’assaut : une queue s’allonge dans la rue (pas de jeu de mot svp). Décourageant. On dînera crêpes bretonnes donc allez hop. Arg horreur à la vue des serveuses déguisées en bretonnes, on se dit qu’on n’aurait pas dû mais trop tard. Finalement ce sera correct même si la soupe à l’oignon est faite au moins à 50 % de sel. Trop de sel et trop de sucre dans ce pays.

Sur les conseils d’Eric nous décidons de rester pour assister au spectacle projeté sur le port à 21h30. C’est vrai qu’il est sympa. Et bien fait. Des images défilent sur plusieurs immeubles sur fond musical entraînant. Tout y passe : l’histoire de Québec, les indiens, les guerres, les arts, Charles Trenet et Edith Piaf, l’invention de la radio et des grands magasins, les sciences, la révolution industrielle et même la reine d’Angleterre en visite ici dans les années 60 (ce qui visiblement les a marqués donc ).
Mathis se les gèle et est en mode « gna gna gna bouh ». Je quitte le port pour aller le coucher.

Arrivés au camping car, je surprend un groupe de quelques personnes qui reluque notre camping car et qui le touche. Je leur lance « il a l’air de vous plaire not’ camping car ! » « Ah mais c’aye qu’il est boo ! » RE. Nous sommes des stars au Canada. Une horde de fan nous poursuit sans relâche. ;)
Allez dodo à minuit, on n’est pas frais, on se plante dans le dédale des panneaux jusqu’au parking du Wal mart dans une ville face à Québec (Saint Romuald) où nos copains sur roues nous attendent.
La nuit, nous sommes en plein concert pop sous un tonnerre d’applaudissements. A moins que ce ne soit un orage avec des gouttes qui s’écrasent sur la coque avec fracas ?. C’est loin du son apaisant des soirs de pluies. C’est pas grave ça nettoiera le motorisé…

Revigorés, déterminés et frais comme des gardons au petit déjeuner, nous –stop- Je plaisante. On est comme des pizzas passées au micro ondes. Allez ! Haut les cœurs ! C’est l’aventure oui ou non ?.
Nous repartons vers Québec. Nous stationnons au même parking fort « dispensieux » (30 dollars les quelques heures ! ). Force est de constater que ça grimpe toujours et que le château est toujours là. Devant la basilique, un mariage se prépare. Les demoiselles d’honneur sont toutes habillées pareil et ont le même brushing. Elles font la haie d’honneur avec les garçons en smoking. Une caricature américaine.

Plus tard, le traquenard : nous sommes pris en plein dans la fête de la musique militaire. Oui ça existe. 13 corps d’armée défilent : des gars avec des plumes sur la tête, d’autres tout en blanc, d’autres avec de la moumoute sur les yeux ou en kilt.(Sinon il y a aussi les policiers en short et tee-shirt moulanst en vélo. Faites votre choix mesdames). Certains font la tronche, d’autres dansent carrément avec leurs instruments. Les enfants adorent. « on y va les enfants ? » « nan attends » mais aussi « allez on y va !» « nan attends ». J’ai déjà vu ça quelque part…Un groupe de nanas babas cool essaye de se frayer un chemin discret sur le côté. Trop tard je les aies repérées. C’est un enterrement de vie de jeune fille. Je fais le lien : son futur doit certainement être le gars déguisé en loup moche suivi par un groupe de mecs morts de rire, que j’ai croisés 1 h avant.
Sur la promenade qui longe la ville avec vue sur le fleuve, plein de monde qui papote, rigole, mange des glaces, chante et même un couple de petit vieux se met à danser sur la musique d’un guitariste amateur. L’atmosphère est légère à Québec-city un samedi après midi.

Dernière étape : le musée des civilisations. Incontournable parait-il. On va certainement devenir plus intelligents en sortant de là en ayant appris plein de choses fascinantes sur les civilisations Québécoises. Oui tellement qu’on se retrouve à l’atelier pour enfants, déguisés en sorcier et méchante reine à aider sur un panneau interactif, le petit poucet à sortir de la foret sans faire de bruit…Les enfants adorent. Ils sont eux, déguisés en loup et fabriquent des potions. « on y va les enfants ? » « nan attends » …Décidément. On contrôle bien la situation…Plus tard nous sommes dans une expo-atelier genre « c’est pas sorcier », l’émission de France 3 qui explique le pourquoi du comment des volcans, de l’érosion, du magnétisme… Rigolo parcequ’on peut créer des minis tornades, simuler des tsunamis et vivre un tremblement de terre 7/10. Ensuite pour ne pas mourir idiot, nous allons voir l’expo sur les indiens et comment ils font leur igloo et transportent leur bébé dans leur luge (entre autres).

Nous repartons en soirée pour notre lieu de bivouac éreintés.