lundi 20 juin 2011

La Louisiane

Corpus Christi… le  « corps du christ »… ҫa me laisse perplexe un bon moment…drôle de nom pour une ville… pourquoi pas « bonum ostia », la bonne ostie? … renseignements pris, cette idée loufoque est celle des espagnols venus fouiner dans cette région.

Corpus Christi sera notre première étape aux Etats- Unis après le passage de frontière. Le State park du bord de mer nous accueille en soirée. Enfin, accueille… Le vent y est si violent qu’il soulève le sable jusqu’à deux mètres de haut. On a les cheveux, le nez, les yeux tous cartonnés. Entre la plage et notre stationnement, de hautes fougères nous menacent de serpents vénéneux via panneaux interposés. L’écume s’agglutine sur la carrosserie du camping-car et le rend tout poisseux. Un camp de scouts a eu la bonne idée de planter ses 20 tentes et ses 30 bambins somnambules juste à côté de nous et les douches sont à l’autre bout. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, ici les taons aiment les plaisirs de la plage. Pourtant nous resterons là pendant 2 jours. C’est notre côté mazo. Juste le temps de faire des courses, le plein d’eau, de gaz … et de retrouver (rapidement) l’envie de repartir. Faut dire que sur ce dernier aspect, on est un peu aidés.

Sur ces bandes de terre qui longent la côte, on va d’un bout à l’autre en ferry, ҫa change un peu. La mer est bleu-gris et son horizon voilé. Nous quittons le Texas pour la Louisiane. Ah ! la Louisiane… tant de films y ont été tourn2011_05_27_IMG_4884és. Je revois les images de « la couleur pourpre » dans ma tête. En traversant la région, nous sommes conquis par la beauté des lieux : Villages fleuris, petites et grosses maisons si caractéristiques avec leurs avancées pour protéger les fenêtres de la chaleur. Car oui il fait chaud. Depuis 6 mois, nous avons chaud, très chaud. Pas le genre « oh qu’est qu’on est bien, si on se faisait une citronnade ? » plutôt le genre « j’habiterais bien dans une douche ». Ces régions sont écrasées de chaleur mais pratiquement chaque semaine, la pluie tombe à gros bouillons faisant fumer le sol de satisfaction. Nous ne verrons aucunes séquelles du passage de l’ouragan Katrina sur ces routes-là.

Nous visitons une maison coloniale. Une dame en tenue d’époque (la tenue2011_05_27_IMG_4874 ou la dame ?), nous commente les lieux par le menu : la charpente, le mobilier, la maison des esclaves et leur révolte sanglante, la culture du coton et de l’indigo, et Napoléon. Ben oui. Il a vendu la Louisiane parce qu’il était fauché pour faire la guerre. Sa bobine est représentée sur les murs du temps où il avait ses cheveux longs et un air suspicieux (ҫa c’est resté, je crois). Dur de faire la traduction simultanée pour les garçons. Le temps que la dame explique quelque chose, que je le traduise dans ma tête et que ça me ressorte par la bouche, je ne sais plus ce que je dois dire et la dame enchaine sur un autre sujet. De toute façon, faut être honnête, ils s’en fichent un peu… Tout cela est bien sympathique mais nous regrettons un peu les champs et les grandes étendues. Et Whoopie Goldberg ? Elle est où alors ?

Nous retrouvons le supermarché walmart pour une nuit. Comme nous sommes sur un parking, nous préférons ne pas laisser les fenêtres ouvertes. C’est sympa par 35 degrés. On passe une super nuit. Dans le supermarché, ça fait drôle de retrouver les produits que nous avions pris l’habitude de consommer. Et les gros qui font leur course installés dans des chariots-mobiles électriques (fournis par le magasin, ça c’est du service client !) le cul assis devant leur panier et circulant dans les allées. Ils tendent juste le bras pour attraper leur article. 2011_05_27_IMG_4890La caissière me prend au dépourvu en me collant du « hi ! how are you today ?» euh vite dis quelque chose « euh …fine thanks ! » Elle m’explique que son fils apprend le Français mais que la prononciation est très difficile. Je suis tentée de lui dire «  S’il n’y avait que ça ma bonne dame: la grammaire, l’orthographe, la conjugaison…nous même on galère tous les jours et en plus ce n’est même pas une langue indispensable dans l’univers des langues indispensables, alors te casse pas le trognon ma grande. » Mais je la laisse à ses envies so frenchy dans l’indifférence la plus totale (la mienne).

Au Pizza hut, qui a la bonne idée de servir des pizzas gargantuesques pour 10 dollars (7 euros), la serveuse est black, rondouillette et aimable. Elle a un accent que je ne connaissais pas jusque-là. Un genre de débit locomotive en mangeant la moitié des mots. A chacune de mes questions elle me répond invariablement un « yes ma’am » Oh zut, elle me prend pour sa mère…Une contraction de Madam. En tous cas je trouve ça charmant et j’adopte l’expression. Arnaud va y avoir droit pendant un moment. Même si je devrais lui dire « sir ». « Tu as vérifié si… ?» « yes ma’am ». « Tu sais si … ? » « yes ma’am ».

Nous poursuivons notre route. Un camping-car c’est un peu comme un avion. Avant le décollage, on fait comme l’hôtesse : on parcourt l’allée centrale en vérifiant consciencieusement que les portes, tiroirs, placards et fenêtres sont bien fermés pour que rien de chute pendant le voyage et on rappelle aux enfants les consignes de sécurité règlementaires (si tu bouges de ton siège, tu auras à faire à moi). Les autoroutes américaines sont lisses comme le cul d’un bébé et ont des aires de repos parfaites pour un déjeuner improvisé. Texas, Louisiane, mississipi, Floride, Georgie, caroline du sud et du Nord, Virginie, Maryland…Nous enfilerons ces états comme des perles sur notre parcours.

La route des plantations est toute en poésie visuelle et nous longeons le Bayou, ce fleuve qui traverse l’Etat. Des petites tortues nagent placidement au bord de l’eau ou se laissent bercer par les vaguelettes qui agitent le Bayou. Au State park de la Nouvelle Orléans, une dame aussi large que haute nous accueille. Le genre à avoir une pêche d’enfer et à faire les questions/réponses toute seule en se marrant. Fatigante quoi. Son bureau est un frigo. La clim doit être réglée a -10 degrés. Tout au long de la côte Est, on expérimentera ce chaud froid en permanence, ce qui nous donnera un effet grillade au long court (on est « saisis » des deux côtés !)

Au state park, entourés de verdure et de libellules curieuses, nous terminons les cours du CNED car nous sommes déjà presque fin mai et tout doit arriver en France avant mi-juin. Entre deux visites de la ville, nous 2011_06_13_IMG_5057faisons faire les dernières évaluations non sans nous assurer-en parents responsables et attentifs que nous sommes- des acquis de nos rejetons. «  t’as compris là, les énergies renouvelables, les divisions, les angles isocèles, la 2eme guerre mondiale, le passe composé, le futur antérieur et le what time is it ? non ? mais si voyons ! ».

Et parmi ces évaluations, il y a la musique. Et sur ce coup-là, je ne sais pas ce que fument les profs du CNED mais ça doit être de la bonne … Pour Mathis, ils nous demandent le plus naturellement du monde de fabriquer une flute de pan avec des tubes de PVC de différents formats, reliés par de la colle et de composer un petit air. Et l’année prochaine on fait quoi ? un piano ? J’écris sur la feuille, qu’étant des SDF en transit, on n’est pas très bricoleurs. Mais que le cœur y est.

Pour Gabriel, ils lui demandent de chanter une chanson dont les paroles sont uniquement des « Dou ba dou bidou a da bou dabou dou a… ». Il faut chanter chaque syllabe dans l’ordre et en rythme. D’abord sur un instrumental puis en canon avec d’autres voix. Un suplice chinois garanti. Il répète ses chansons pendant 3 jours d’affilée soit en étant mort de rire soit en s’énervant quand sa langue fourche et s’emmêle. Même nous on y arrive pas. Et ce petit air colle au cerveau en plus…

Le soir, nous visionnons sur notre ordinateur des DVD dont « dejà vu » avec Denzel Washington dont l’histoire se déroule précisément à la Nouvelle Orléans. On est synchro à mort là non ?

La ville est charmante. Maisons typiques, placettes, quartier dit « français », bateau à vapeur et du jazz à tous les coins de rue. La rue principale dégueule de la musique par tous les murs des restaurants et autres boutiques qui la jalonnent. L’effet est assourdissant. Des diseurs de bonne aventure installent des tables de fortune (ouarf) sur la place à la tombée du jour.

2011_05_24_IMG_4814Nous ferons un passage à l’aquarium pendant 2 heures. Nous y verrons des trucs qui nagent, qui barbotent, qui flottent, qui s’ennuient, qui se cachent aussi. Rien que du très normal dans un Aquarium. Et pour la première fois, nous verrons un Anaconda si gros que j’imagine que si on le découpait en rondelles, il y aurait de quoi manger pour des tribus entières. Comment ça j’ai de drôles d’idées ? Non un sens pratique aiguisé. C’est pas pareil. En tous cas, il fait froid dans le dos, le bestiau.

Un tour près du Mississipi, sur les traces de Tom Sawyer, à admirer les bateaux à roues pendant que les enfants se chamaillent, et nous entrons dans un restaurant. Je ne sais pas pourquoi la plupart des restaurants américains, s’obstinent à afficher des grands écrans sur les murs, mais c’est une vraie maladie. Pour se distraire de la mal bouffe ? Pendant que je déguste des crevettes créoles, je jette un œil distrait à l’écran. Horreur ! une émission sur les gros qui essaient de maigrir…on les accompagne jusque sur la table d’opération où ils se font poser des anneaux gastriques. Je reviens à mon assiette qui baigne dans de la sauce tomate… euh…

Le soir, le centre est très animé et on commence à voir l’autre visage de la ville, un peu plus soulards, clochards et petites gambettes. Et un séminaire du Rotary aussi. Que des délinquants quoi.

Et puis la Floride. Nous avions prévu de descendre jusqu’à Miami et les Everglades mais comme nous sommes pressés par le temps et que nous en avons marre de faire des km, nous nous arrêterons simplement à Orlando où on se fera pousser des oreilles de Mickey.

1 commentaire:

  1. Très intéressant car mon mari et moi projetons d'aller en Louisiane en 2013. On ne sait pas comment donc pourquoi pas le camping-car !!!
    Danièle de Lyon (France)

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