lundi 13 juin 2011

Hasta la vista Mexico!

 

Le passage de frontière Guatemala- Mexique se fait dans la douleur. Nous sommes le 6 mai. Après une journée de route éprouvante et sous une chaleur à faire fondre nos neurones, nous arrivons épuisés au poste. Côté Guatemala, pas très compliqué : le passeport est tamponné, nous payons les taxes de sortie, nous remettons les papiers d’import du véhicule.

Côté Mexicain, c’est une autre histoire. Quelle naïveté de penser que nous pourrions rentrer dans le pays comme des fleurs ou comme dans n’importe quel pays en nous acquittant de nos paperasses élémentaires. Le ton est donné quand le douanier nous refuse le passage. En effet, seules les automobiles sont autorisées à passer …LÀ. Tu le savais pas, t’as l’air d’un con ? tant pis pour toi avec ton gros camping-car. Il nous demande donc très poliment de faire demi-tour et de passer 30km plus loin. Il est 16H30. Dans 1H30 il fera nuit. Nous sommes tendus, fatigués et accessoirement crasseux (trop chaud, je voudrais vous y voir, tiens).

Comme il a une bonne bouille, moi je bidouille…. Je lui explique avec énergie, que la situation est idiote : nous avons déjà quitté le Guatemala, on ne va pas y retourner pour en ressortir 1heure plus tard ! Il va faire nuit en plus. On va se faire manger par les loups (non ca c’est faux), que s’il me trouve une solution pour ne pas repayer les taxes d’entrée au Guatemala, ni refaire tous les papiers du véhicule qu’il me le dise, je suis preneuse. Oui le véhicule fait plus d’1 tonne (3,5 pour être exact). Comment ça c’est pour moins de 1 tonne ce passage là ? faut pas faire du racisme automobile monsieur !

Au bout de 10 minutes, je sens le gars faiblir. A mon avis, je le saoule…. Pour une fois que c’est utile que je saoule quelqu’un… « Venez avec moi, je vais demander au chef » « bah pourquoi moi ? » « Parce que c’est vous qui parlez le mieux espagnol » « ah ? …oh merde… ». Tandis que je me demande à quelle sauce je vais être bouffée, et le temps de traverser tout le terrain, ma Tongue craque et se casse. Je finis pieds nus et sautillante. Il appelle son chef au téléphone. Celui-ci lui dit « si ça passe, alors OK ». Ouf une bataille de gagnée. On mesure la largeur de la bête et on va voir coté passage. Ça passe à l’aise ! Bande de drôles. Quel tralala…

Mais avant de passer, le monsieur exige une fumigation du véhicule. Allez y on n’est plus à ça près. La désinfection ça fait 3 fois en 5 semaines, on a l’habitude. Arnaud fait des manœuvres pour rapprocher le CC des tuyaux. Avec une telle vitesse qu’on a l’impression qu’il conduit une formule 1 et pas un 3 tonnes…Puis nous allons voir le préposé aux visas et passeports qui nous attend les fesses sur sa chaise. Et là ça se corse.

Moustachu, le monsieur est assis face à nous et examine nos passeports avec application et en silence. A notre départ du Mexique, nous avions payé pour une « double entrée » avant de partir au Belize pour pouvoir revenir au Mexique sans refaire tous les papiers. Cela nous permettait de conserver notre visa en cours.

Apres examen de nos passeports, le gars nous explique qu’il faut repayer et tout recommencer. Je comprends alors que le douanier précédent nous a arnaqués. Il a empoché nos sous, en nous disant que c’était Ok pour la double entrée et que ce qui faisait foi était le tampon qu’il venait d’appliquer.

Et c’est là que j’ai pris toute la mesure de mes progrès en espagnol : engueuler un douanier dans sa langue maternelle, j’avais jamais fait jusque là. Le gars a payé pour tous les autres. Je hausse le ton donc. Je peste, sur le Mexique et ses procédures bidon, sur la corruption des personnes représentant l’état, sur l’acharnement à arnaquer les touristes, sur l’image déplorable que ce pays offre à l’international. Devant tant de véhémence, le gars ne sait que me dire « je ne sais pas, ce n’était pas moi ».  « Mais vous représentez les douanes mexicaines non ? vous trouvez ҫa normal ce qui s’est passé ?! ». Son « je ne sais pas » à chacune de mes remarques me fait monter encore d’un cran. Visiblement cette situation est assez banale dans ce pays et les arnaques un credo.

Il finit par se lever pour me coller une baffe. Non je plaisante. Il se lève pour demander conseil à un de ses collègues. Juste le temps pour moi que la fumée s’évacue de mes oreilles. Puis le verdict tombe ; nous devrons recommencer à remplir nos demandes de visa. Il tamponne nos passeports. Mais la taxe d’entrée est à repayer de nouveau. Ultérieurement. A la première banque qui se présentera sur notre chemin sauf si nous sortons du pays dans les 7 jours. « 7 jours vous êtes sûr ? on nous a dit 15, et comme ça change tous les matins chez vous … ! » ; « bah je ne sais pas ». M’énerve celui là. Je sors en grommelant comme une vieille que je suis. J’ai pris 10 ans depuis que je suis à ce poste frontière.

Alors que l’on se dit que l’on va enfin pouvoir partir, l’inspection sanitaire nous arrête. Ah ! les petits voyous. Ils repartiront avec 2 sacs pleins de Fruits, légumes, viande et poissons. Le frigo est vide après leur passage. Je tends les sacs au douanier qui attend à l’extérieur pendant que sa collègue fait ses courses à l’intérieur, en lui disant un « cadeau ! » insolent. « Quoi, on ne vous avait pas prévenus ? » me dit-il « prévenir de quoi ? de vos règles d’importation qui changent tout le temps ? » « oui c’est vrai que ça change souvent chez nous… » me répond il penaud.

Avant de partir, le premier gars qui nous avait laissé passer nous indique un lieu sûr pour dormir et se fait un point d’honneur à nous indiquer la route et ses étapes jusqu’à la frontière américaine. Et puisque ce soir j’ai la langue bien pendue, je ne peux m’empêcher de lui dire que franchement tous ces « petits arrangements entre amis » contribuent à donner une image hideuse du pays. « je suis désolé pour tous les désagréments que vous avez subis. Mais nous ne sommes pas tous comme ça… » me dira t’il comme mot de la fin.

Il est presque 18h00. 2 heures pour passer cette foutue frontière et dans 30 minutes il fera nuit. Je décrète ce soir là, que j’en ai marre du Mexique.

Nous stationnerons sur le parking gardé d’une station service. Peu dormi car trop de bruit et trop chaud, nous repartons le lendemain en faisant le plein de gaz et de courses au supermarché du coin. Ah ! quel bonheur de retrouver un supermarché bien achalandé et moderne, ça nous avait manqué.

Toute la journée, nous roulons et nous entamerons alors 15 jours de traversée du Mexique pour regagner les USA. Environ 4000 km à se farcir le plus rapidement possible car si nous voulons mettre le CC dans le bateau pour qu’il arrive en France avant le 15 juillet (dans un espoir de revente), et si nous voulons avoir le temps de visiter un peu la côte Est des USA, faut rouler ! Cette période de marathon kilométrique a sans aucun doute, été la période la plus pénible du voyage.

Alors on fait quoi ? ben on roule. Apres une étape sur le bord de mer, nous quittons nos amis Patrick et Virginie avec qui nous avons vécu des moments formidables et nous emportons avec nous des souvenirs authentiques et chaleureux. Leur route diverge de la nôtre à présent. Nous filons sur Oaxaca où nous espérons trouver quelqu’un pour réparer le pare choc arrière endommagé depuis le Canada. Et pour l’atteindre, c’est 9 heures d’une route toute en virage, en trous et en camions escargots. Gabriel et moi sommes tous les deux assis à l’avant avec Arnaud à gauche qui conduit. Ce n’est pas de notre faute, trop de virages pour notre estomac. On n’a pas l’air bête tiens à se partager un siège…

Dès que nous posons nos roues dans le camping du centre, un Westfalia orange fait de même. Marko et Sarah viennent d’arriver, souvenez-vous, ce sont nos amis québécois rencontrés à Antigua. Quelle heureuse surprise ! Nous resterons là 2 nuits en leur joyeuse compagnie, les enfants surnommant Marko « Richard cœur de lion » à tous bouts de champs. Toujours pas compris pourquoi.

Oaxaca se fait visiter sous le soleil. Ville coloniale, elle a la même saveur que ses sœurs Puebla ou Queretaro. Eglise, ruelles, places… Nous dinons dans un marché, attablés derrière un plat de molde au poulet ou de tacos… Et badaboum l’orage éclate sans prévenir. Il badaboume tous les jours à ce qu’on dit.

Nous échouons à trouver un réparateur et décidons de partir loger dans un autre camping plus éloigné de la ville. C’est ainsi que nous nous retrouvons dans des champs de Cactus car le propriétaire des lieux –un américain- est producteur de Mezcal. L’odeur qui flotte est un peu étrange. Une senteur aigre. Nous prenons le bus-qui-couine pour regagner la ville. Un gars assis à l’avant, crie à chaque arrêt la destination du bus par la fenêtre.

Une glace et un marchand de chaussures plus tard, nous sommes tous fourbus et decidons de rentrer en taxi. Le gars nous demande 80 pesos pour la course. QUOUA ? vous plaisantez allons… 40 c’est bien non ? Bon d’accord. Sur la route, en discutant avec le chauffeur, je réalise bêtement que peu de mexicains sortent de leur ville. Encore moins voyagent. Trop cher..

Puis nous allons à Puebla, que nous connaissons déjà. Le propriétaire du camping nous accueille bras ouverts « de retour par ici ? » « bah oui… ». Grâce a lui nous trouvons un carrossier qui dès le lendemain nous répare le pare choc arrière. Le résultat est bluffant : c’est comme s’il était neuf. V’la une bonne chose de faite.

Comme nous patientons toute la journée pour récupérer notre maison roulante pendant qu’elle se fait belle, Mathis en profite pour philosopher : « maman, les tétons pour les garçons ça sert juste à décorer en fait ». Marko et Sarah sont aussi à Puebla pour 1 soir et nous partageons avec eux une bouteille de Mezcal dans laquelle se trouve un authentique scorpion. Celui-ci sera grignoté en guise d’apéritif par les garçons. Beurk.

S’ensuivent des jours et des jours de traversée du désert au sens propre comme au sens figuré. La compagnie de cargo nous informe que nous devons déposer le CC à Baltimore le 16 juin.

QUOA ?! mais c’est hyper tôt ! C’est comme ça. Une semaine de dépôt du CC au port à l’avance, 15 jours de traversée et 3 jours de dédouanement. Nous voilà donc a chambouler notre itinéraire. A revoir notre timing. A nous plier aux impératifs. Vite on roule. On fait les devoirs en roulant. On se farcit une quantité impressionnante de péages, tous plus chers les uns que les autres. A peu près 1 toutes les 30 minutes. Du jamais vu.

Nous nous ferons visiter le CC 9 fois pendant notre traversée par les militaires. A chaque barrage, ils veulent voir l’intérieur. Plus par curiosité qu’autre chose. Au bout du énième barrage, quand le gars me dit « ouvrez la porte, on va faire une visite », je ne peux m’empêcher de lui dire « oh ben oui allez-y ce ne sera que la 6ème fois en 2 jours. Et surtout essuyez-vous les pieds avant d’entrer hein ». Pour appuyer mes dires, je lui remets bien en place le tapis devant l’entrée. Du coup le gars est tout gêné d’entrer avec ses grosses godasses montantes. On s’amuse comme on peut non ?

Au dernier barrage, nous avons deux gars penchés par les fenêtres ouvertes et deux à l’intérieur. Ils s’extasient de concert sur l’agencement du véhicule, les lits, la cuisine etc.

Pas très sérieux comme revue ҫa…

Entre les frais d’essence et de péage, on fait mincir notre budget. Et puis une mauvaise nouvelle tombe. Des amis voyageurs nous informent qu’il y a une arnaque à la Carte bleue à Antigua. Dans le distributeur où nous avons retiré de l’argent, un mouchard enregistrait n° et code et 1 à 2 mois plus tard, le compte était essoré depuis la Colombie. Nos amis se sont ainsi fait tirer 3000 euros. Après vérification, nous avons été dans le même distributeur. Avec l’aide de notre banque, nous sommes contraints de faire opposition à la CB d’Arnaud, ce qui nous handicape… Une nouvelle CB sera envoyée par DHL à Baltimore à notre hôtel.

Nous devons trouver des connexions internet pour mettre au point la suite du voyage. Arnaud commence à tourner en rond. Il en a marre. Tous ces km, ces contraintes qui arrivent de tous les côtés ne l’amusent pas. Dans sa tête le voyage vit ses derniers instants. A tel point qu’on ne prend plus de photos pendant cette periode . Moi je ne veux pas rentrer.

Et puis on s’arrête à 4 heures de la frontière dans un camping-hôtel. Nous sommes seuls et des ouvriers retapent à longueur de journée la piscine derrière nous. L’un d’eux, attiré par le CC, vient discuter longuement avec nous. A voir nos cartes routières étalées sur la table installée au dehors, il nous demande d’où nous venons et où nous allons. Les Etats-Unis ? oui il connait. Il y a déjà travaillé. « mais je n’aime pas les américains… ils traitent mal les mexicains… trop de ségrégation. Quitte à être malheureux, je préfère l’être dans mon pays, parmi les miens. » Oui je comprends ça. « en plus les américains, ils se croient les rois du monde ! … ils ne savent même pas planter un clou ! » dit-il en s’éclaffant.

En attendant d’aller retrouver ces bricolos incapables d’américains donc, nous attendons des nouvelles de notre assureur. Bingo, le lendemain, son email nous annonce que le CC est assuré. On va pouvoir traverser. Le cargo est réservé également.

Cette traversée, il faut le dire, nous rend nerveux. Dans la zone où nous devons passer, de nombreux assassinats se sont produits récemment et les villes à proximité sont sur la liste noire. Des voyageurs en CC se sont fait braquer il y a peu. Les mexicains eux mêmes nous déconseillent certains endroits…Depuis 1 semaine, nous appréhendons de voyager dans la zone nord.

Alors nous nous levons tôt, serrons les doigts et croisons les dents. A moins que ce ne soit l’inverse ? Le poste frontière s’annonce bientôt… enfin ! Cette fois, les americains, nous délivrent notre carte verte sans nous titiller. Pourtant nous étions au taquet avec nos photocopies de relevé de compte, la confirmation du bateau et tout le tintouin pour leur démontrer que nous ne voulions pas vivre aux USA. Si nous n’avions pas été si soulagés d’avoir enfin passé cette foutue frontière, on en serait presque déçus. Allez, le premier qui trouve un Mac Do a gagné… !

1 commentaire:

  1. Bon courage pour les derniers miles !
    J'espère que les paysages de l'est vous redonneront le plaisir des images

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