jeudi 16 décembre 2010

Le 25 novembre, c’est Thanks Giving aux USA et le pays est dans le coma. C’est le jour de la dinde farcie, des patates douces, de la soupe au potiron, des mais en épis et de tas de tartes de toutes sortes. Hum miam. Pour fêter ça , nous allons au Mac do. Pas vraiment dans le ton mais je n’avais pas envie de cuisiner et comme nous étions stationnés pour la nuit pas très loin, et que nous avions froid, cela nous paraissait idéal. Enfin presque. Parceque Mac do et moi on est fâchés. Je n’en peux plus de sa mayo et de son ketchup dégoulinant…En plus il faut une clé pour aller au toilettes, je rêve.

Nous sommes à Page, la ville située près d’Antelope Canyon. Nous y sommes arrivés dans la soirée. Nous avons élu domicile dans le Walmart local. Cela faisait longtemps. Le magasin est ouvert, 24h sur 24 malgré la fête nationale et fait même des promos de Noël à partir de Minuit. Faut être motivé. Nous en profitons pour faire quelques courses de bouffe. Le magasin est presque vide, ça fait drôle. Penses tu, il n’y a que les touristes pour faire des courses à 18h un jour comme celui là. Ah non, nous croisons une dame qui fait ses courses avec sa chèvre en laisse. Si, véridique. Il y a des choses qui ne m’étonnent plus. Elle lui cherche un petit bonnet de laine pour passer l’hiver ? mêêêêhh ! La caissière fait la gueule et tous sont des descendants des indiens Navajo dans cette ville. (L’un n’ayant pas de rapport avec l’autre. Enfin je crois)

Le chauffage tourne et nous dévore nos bonbonnes de gaz. Nous passons notre 8ème nuit à –7 degrés une fois encore. Le froid commence à nous lasser véritablement. Nos polaires commencent à s’user et on sent qu’on a touché le fond quand je décide de m’acheter des chaussons au Walmart. En moumoute noire. Classe. Ben quoi ? le plancher est gelé, j’aimerais vous y voir. Même en chaussettes, la voûte plantaire se plaint et se rétracte.

Le canyon nous attend sous le soleil. Il y a « Upper valley » et « Lower valley ». Faites votre choix. Ben oui mais comment ? le guide touristique est sans doute suisse car il ne prend pas parti, il trouve les deux bien sympa. Bon. Nous nous arrêtons donc chez Upper puisque c’est celui qui se présente en premier et comme on dit, les absents ont toujours tort. Il a été découvert par une petite bergère navajo. Quand je vous disais que le bétail mène à tout. Vous croyez qu’il y a un rapport avec cette bergère et la chèvre du walmart ?


Donc, nous voilà embarqués dans un 4x4 à ciel ouvert qui a la particularité de nous taper le derrière à la cadence des bosses rencontrées et de nous faire profiter d’un vent glacial. Au bout de 10 minutes, nous ne sommes pas encore arrivés à destination mais on serait ravis de voir n’importe quoi du moment que l’on mette les pieds sur la terre ferme et qu’on nous réchauffe les oreilles et ce qui va avec.


Puis nous voilà devant l’entrée d’un canyon de 100 mètres de long, en compagnie de 6 ou 7 autres 4x4 qui débarquent des flopées de touristes en mal de sensations. Notre guide, s’applique à nous expliquer au cours de la visite qu’il y a des bosses, des vagues sur les murs, creusés par l’eau, mais c’est gentil, ça on le voit bien. « Regardez cette bosse, on dirait un ours » Ah ok. « et là c’est monument valley à l’envers ». Ah d’accord. Et là ? ben c’est rien. Ah d’accord. « jetez du sable sur les parois, pour imaginer le mouvement de l’eau ». Pourvu que les enfants ne voient pas … trop tard. Ils se mettent à jeter du sable partout. Stop, on est sage.

J’ai du mal à apprécier la visite car il me manque (dans le désordre) un bonnet, des gants, une doudoune, qu’il fait sombre et qu’on est serrés comme des sardines à l’huile de tournesol dans une boite de conserve. S’il y en a un qui veut photographier, il bloque tout le monde. Donc on est bloqués entre les parois pendant des plombes en attendant comme dans le métro, qu’il y en aie un qui bouge le premier. Ne nous plaignons pas : en été, il y a 4 fois plus de touristes dans ces murs. Je ne sais pas où ils les mettent. Plus tassé que ça, faut te désincruster des murs à la pelleteuse.

Bon allez, c’est vrai que si l’on fait abstraction de ces détails, le lieu est plutôt pas mal dans son genre. En levant la tête, on aperçoit des halos de lumière qui s’infiltrent et qui colorisent de tons ocres vifs les roches. La pluie, balèze, a tracé des raies élégantes, de tous les cotés. Des mouvements de ballet aquatique que l’on devine à la lecture de ces parois. A certains endroits, on dirait presque des drapés de satin feu qui descendent d’en haut. C’est fou ce que la nature a du talent.

Allez tant qu’on y est, on visite aussi « Lower ». L’indien qui nous accueille nous demande d’où nous venons. Ah ! la France ! il y a eu des français ici dit -il avec un sourire et en montrant du doigt la plaque commémorative située à l’entrée. Il a de l’humour le gars. En fait un groupe de Français est mort dans la canyon à cause d’une subite montée des eaux. Sympa.
On accède au canyon par un escalier raidissime. Ce qui permet une première sélection de touristes. « Out » ceux qui ont mal au dos, le vertige ou des raideurs dans les tendons. Plus loin, une deuxième sélection s’opère : les parois sont larges d’un mètre seulement. « Out » les gros pépères. Ceux là ils passent pas.


Pour les sveltes et dynamiques que nous sommes, trop facile. En fait Lower est bien plus sympa que Upper car on est seuls et il y a beaucoup plus de lumière. Arnaud s’éclate avec son appareil photo sur pied. Nous nageons au milieu des vagues de grès. Trop cool.







Puis nous reprenons la route. Les stakhanovistes des beaux paysages que nous sommes, se dirigent maintenant vers « GRAND canyon ». Et comme, nous calculons mal notre coup, nous arrivons en pleine nuit. Comme d’hab… Rouler la nuit en montagne, sur des plaques de verglas enneigées, j’adore. Ca me rend terriblement calme.

Nous allons au camping d’etat. Cette nuit il fera –11 et nous serons cernés par la neige et quelques tentistes masos. La nuit la plus froide du voyage. Le plus dur, c’est le matin parce que le Nutella fait la gueule. Et étaler du nutella qui veut pas se détendre et vous oblige à le poser en patés sur votre tartine, ça contrarie. Ben oui quoi, le nutella ça s’étale d’habitude ; là si on insiste on déchire la tartine et on passe à travers. Non dès le matin c’est pas gentil de faire de la résistance comme ça. Je proteste. Même le Lait ne se laisse pas faire : il met le double de temps à chauffer à cause de l’altitude. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, les wc sont l’endroit le plus froid du CC. Faut être motivés. Ou ne pas avoir le choix. Ce qui est notre cas. snif

Heureusement c’est une belle journée. Nous nous balladons sur un chemin bordant le GRAND canyon où les enfants sont davantage concentrés sur leur bataille de boule de neige que par la vue, puis échouons dans une cafétéria. Les burritos me sont servis par une dame d’un age indéfini mais Arnaud est servi par un mec un peu dégueu, avec des dents dégueu, des cheveux dégueus et des fringues degueus. Il met quelques secondes à commencer à manger tellement il n’a plus d’appétit à cette vue peu engageante.

Ensuite un bus nous emmène voir l’autre partie du GRAND canyon là où les voitures sont interdites. Avec un stop tous les 5 minutes avec une vue (presque) différente à chaque fois. Il y a un monde fou ici. Il faut dire que nous sommes Samedi et que les américains ne veulent pas rester chez eux à regarder la télé. Dans le bus, on se tasse. Une bonne femme se décide à faire la police et nous dit de nous pousser de la sortie car il ne faut pas dépasser la ligne rouge. De quoi je me mêle. Nous faisons donc pendant quelques heures une succession d’arrêts à différents endroits, prenons froid et quelques photos fraîches et remontons dans le bus suivant.

Alors que le soleil se couche, nous voici dans le bus qui nous ramène au village, parmi une foultitude de petits camarades. Pas de bol, on retombe sur madame police qui recommence son sketch sur la ligne ro
uge. Elle m’énerve celle là.


Le GRAND canyon fait presque 5000 m² et son profond sillon court sur 450 km avec le fleuve Colorado au milieu. Oh ! la belle bête. C’est pour ça que je lui mets des capitales, il mérite bien ça. Il est tellement grand que l’on a du mal à apprécier correctement son relief. On retient les enfants par le col à longueur de journée en les engueulant copieusement car ici, les barrières de sécurité sont virtuelles. On est sans cesse au bord du ravin. Journée un chouille stressante, donc.

Après le bus, il nous faut prendre une navette qui nous mène au parking où nous sommes garés. Mais à la station d’arrêt, il y a une foule tellement importante que le gars de la sécurité décide de détourner un bus pour s’en servir comme navette . (J’en profite pour dire que c’est un grand malade car il est en tee shirt.)

Le chauffeur s’amuse beaucoup de cette nouvelle fonction inattendue : il change de circuit pour cette fois. A chaque stop, les gens n’osent pas monter. Ben oui, il n’a pas la bonne couleur, il est rouge et non pas bleu comme les navettes habituelles. Le chauffeur leur crie alors « hey ! va falloir avoir un peu d’imagination ce soir ! imaginez que je suis bleu ! montez ! » ou « allez y, je suis bleu en fait !! ». Il fait rigoler tout le monde. D’autant qu’il a une façon de desservir les arrêts plutôt originale : « yen a qui descendent au parking A ? non ? parking B ? non ? Hotel truc ? bon je m’arrête seulement à l’hotel truc alors, ok ? » « OKKK » (tous en cœur). J’adore ces américains, ils sont tellement moins collet monté que nous français.


Nous regagnons notre CC avec plaisir car il fait froid. En roulant, nous mettons le chauffage à fond : nous sommes en sueur devant, les enfants se les gèlent 4 mètres plus loin. (Pour mémoire, le CC fait 7,365 mètres de long). On ne se moque pas, on fait ce qu’on peut. Nous nous dirigeons vers Flagstaff dare dare car de la neige est prévue à GRAND canyon le lendemain et nous ne souhaitons pas, comment dire, faire du CC sous la neige. Sauf que nouilles que nous sommes, nous n’avions pas vu que cette charmante petite ville est toujours située sur le plateau du Colorado et que ce n’est pas parce que nous roulons 2 heures que nous descendons en altitude. Comment le sait on ? Bah, par un détail : au réveil, nous sommes enneigés jusqu’au trognon et réveillés par le gars qui fait du chasse neige sur la parking de « home dépôt » où nous avons dormi. Sic ! Il aimerait bien qu’on bouge parce qu’il amasse la neige pas loin de nous et comme il ne veut pas nous recouvrir de neige jusqu’au toit… c’est gentil de prévenir.

Il continue de neiger au petit déjeuner et Mathis en profite pour faire un bonhomme de neige car, il y a PLEIN de neige. Des gros flocons bien gras, ceux qui restent sur la route et qui semblent dire en tombant « nananère ! ». Vous devez savoir ça en France, il neige en ce moment il parait. C’est sympa hein quand on n’est pas équipés pour ?! Arnaud, optimiste se dit : « bah, ils doivent avoir l’habitude ici, les routes vont être dégagées ». Nous nous dégageons relativement facilement de notre emplacement et nous lançons sur la route. AHHHHHHHHHHHHHHHH ! Pas dégagées du tout ces routes ! Il continue de neiger et les routes sont gavées de neige. En CC je vous le recommande. Les roues patinent allègrement et on voit le moment ou le cul du CC va valser de côté. On s’y attend d’une seconde à l’autre. Arnaud est aux commandes et blanc comme neige (ah ah). Il ne veut même pas qu’on lui parle tellement il est concentré sur le maniement de l’engin. Les cotes sont terribles : et si on n’arrivait pas jusqu’en haut et qu’on dérapait en arrière ? La tension est à son comble. Alors que les essuies glaces se fatiguent à chasser l’accumulation de la neige sur le pare brise, Arnaud s’exprime, blême : « faut qu’on s’arrête pour la journée, ça patine trop, c’est dangereux ». Gulp.
Sauf que pour s’arrêter, faut trouver un endroit, sans faire de manœuvres, qui gêne pas et tout ça tout ça. Résultat, quelques miles plus loin qui nous semblent interminables, nous entrons sans l’avoir vraiment cherché, sur l’autoroute… dégagée. Et 20 miles plus loin, plus de neige à l’horizon.

Quel farceur ce pays. Un coup il y a de la neige, un coup, y a du désert. Tout ça à 20 miles d’écart. Et les températures font pareil. Soulagés que nous sommes, nous retrouvons nos capacités d’élocution.

Nous voilà en route pour la cote californienne. Par hasard, nous nous retrouvons sur la route 66. La fameuse. Aux stations services, ils vendent des peluches habillées en cuir sur des motos. Mouarf ! Soyons clairs : cette route n’a rien de spécial si ce n’est qu’il n’y a rien de chez rien sur cette route. Voilà, ça c’est fait.

Nous trouvons un camping en pleine pampa où ça caille toujours mais moins, merci. Nous en profitons pour faire des cours. Nous les avions un peu laissés de côté ces derniers temps. Mathis et Arnaud font les cours d’anglais ensemble et je pique une rigolade quand je les entends s’exercer à répéter « yellow yoyos » (prononcez « yélo yoyoze ») de plus en plus vite. Essayez, c’est pas facile.

Fidèle à nos mauvaises habitudes, nous arrivons à Santa Barbara de nuit. Mais ça, c’est une autre histoire…

3 commentaires:

  1. Très bien commenté, ça donne envie d'aller y voir.
    Et sens de l'humour !

    Salutations à tous !

    RépondreSupprimer
  2. Joyeux Noël et bonne année à vous quatre !

    Et félicitations pour la qualité des textes et des photos.

    Monique et Jean-Pierre.

    RépondreSupprimer
  3. Joyeux Noël et Bonne Année 2011 à vous !
    Bonne continuation !
    Gros gros bisous
    Shohreh & Dominique

    RépondreSupprimer

N'hésitez pas à nous faire par de vos commentaires!