lundi 17 janvier 2011

De l'autre cote

Aujourd’hui c’est vendredi et nous prenons le ferry. Oui je sais, ça rime. C’est mon côté poête.

Nous sommes à la Paz, une des villes principales de Basse Californie du Sud où nous resterons environ une semaine avant de passer de « l’autre côté ». D’abord, nous fêtons dignement l’anniversaire d’Arnaud dans un restaurant en bord de mer (ou presque si on oublie la route qui nous sépare d’elle…). Arnaud, pour oublier le temps qui passe, avale dignement une Marguarita si énorme qu’il sera pompette jusqu’à au moins 19h le soir. Nous déjeunons de guacamole, de crevettes à l’ail, d’enchiladas au poulet et de soupe de poisson, dans laquelle Arnaud a mis coeur à verser du piment pour pleurer un peu tout en mangeant.

Ensuite nous cherchons un Ostéopathe car j’ai le dos bloqué depuis 10 jours (merci oh ! literie spéciale camping-caristes) et là je craque, sauvez moi. Sauf qu’ici, a priori, ça n’existe pas. Donc nous cherchons un Chiropracteur. Le serveur du restaurant nous sort les pages jaunes et nous donne deux adresses dont une à proximité. Nous y allons à pied et arrivés à ladite adresse, le fameux médecin est en fait, un traumatologue spécialisé dans le sport. Bon, non alors. La seconde adresse est un jeu de piste.

D’abord, nous atterrissons, grâce au plan trouvé sur internet, à la mairie. C’est sympa mais c’était pas prévu. Un monsieur moustachu et amusé nous explique comment nous rendre à l’adresse voulue, en comptant le nombre de gasolineras (stations essences) sur notre chemin. Le petit poucet version Mexique donc. Comme il se fait tard, nous compterons demain. Sauf que le coup des gasolineras ne nous aide pas beaucoup. 2 jours, 15 personnes, 3 demi-tours et 5 patés de maison plus tard, nous trouvons enfin le –ou plutôt la- chiropracteuse. Et tant que j’y suis, je fais des yeux de mourante pour que la secrétaire accepte que sa chef me reçoive tout de suite ;).

Je n’avais jamais été chez ce genre de médecin. En fait, il faudrait les chercher dans le bottin à la catégorie « brute épaisse ». Moi, je ne me suis pas méfiée : comprenez : musique d’ambiance, diffusion d’un documentaire sur les pandas à la TV, crèche de noël qui clignote, petite fontaine qui glougloute… on se serait cru dans un institut de beauté zen. J’y vais donc à la cool et je m’installe sur le machin qui sert de lit. Cela ne prend que 10 minutes. Elle commence par me mettre un foulard autour du cou. Tiens, me-dis je, ils sont coquets ici. Tu parles. C’est pour mieux me faire craquer les cervicales. Méchante va. Elle me demande de respirer profond et Crac ! elle me fait péter les os avec sauvagerie. Les deux premières fois, ça surprend. A la troisième je me méfie. Respirer. C'est-à-dire ? là tout de suite ? pourquoi faire hein d’abord ? Craac !. Oh la vache ! En regagnant le CC où Arnaud patiente, je me sens comme si j’étais passée sous un camion. « C’est bon ? elle t’a remis en place ? » « Oui, c’est bon, elle m’a achevé, on peut y aller, ouille ouille ». Il me faudra 2 jours pour recoller les morceaux.

La Paz est une ville très étendue et qui n’a pas grand-chose à dire. Les candidats au poste de gouverneur de Basse Californie le font à sa place. Tous les 3 mètres, des panneaux mettent en avant untel ou untel (toujours moustachu) et ce, des deux cotés de la rue. C’est une orgie visuelle. Des panneaux partout ! Des tas de yeux qui nous regardent partout où nous nous déplaçons. Toujours les mêmes tronches sur des kilomètres. Ya de quoi devenir dingue. Et puis des slogans intelligents aussi : « la force, c’est toi » ou « pour une politique différente » ou « des actions, pas des mots » ou encore « avec la force des gens ». Et « que la force soit avec toi », vous connaissez ?. Certains promettent de l’eau purifiée pour tout le monde et d’autres de mettre internet dans toutes les places publiques. Waouw. Ambitieux programmes

Et puis, nous prenons le ferry. D’abord le passage en douane où nous devons déclarer le véhicule. Puis les douaniers eux même. Ici ce sont des petits marrants. Ils nous demandent d’appuyer sur un bouton qui ne ressemble à rien: si ça clignote vert, on passe, si ça clignote rouge, ils inspectent le CC. Ils n’ont rien trouvé de mieux pour se distraire. Je crois n’avoir rien vu de plus couillon dans le genre.
Evidement on est bons pour l’inspection et on ouvre tous les placards.

Comme je suis la seule à causer espagnol, je suis de corvée de stationnement de notre CC dans le ferry. Puis nous naviguons pendant 6 heures en balançant un coup à droite, un coup à gauche dans un gros bateau où on s’ennuie copieusement. Aux enfants, je leur explique que quand on est bourrés, ça fait pareil comme sensation. Ben quoi, il faut bien les éduquer, non ? Nous patientons dans une grande salle où des mouflets se courent après bruyamment, et des mexicains somnolent sous des couvertures. Faut dire que la clim est à fond. Ils avaient prévu le coup. Il n’y a que les touristes pour se les geler bêtement. Gabriel et moi, jouons aux jeux d’ordinateur tandis que Mathis se goinfre de chips et qu’Arnaud regarde Kim Basinger à la télé habillée en rose dans un navet de série B.


Notre ville d’arrivée est « Los Mochis ». Enfin, son port. Sauf qu’il est 19H00 et qu’il fait nuit noire. Nous savions que nous arriverions tard mais nous n’avions pas le choix. Des connaissances nous avaient assuré que nous pouvions stationner pour la nuit sur le parking du port. Sauf que Manuel et Israel ne sont pas du même avis. Camionneurs de leur état, ils attendent un chargement pour leur camion rouge. Ils nous disent ne pas trouver très prudent de stationner ici, tous seuls, en famille, la nuit, perdus, seuls au monde, sans personne à qui parler, dans notre machin bizarre, tout ça…. Ils nous expliquent que quand le bateau s’en va, il n’y a plus personne ici, que des loubards arrivent, avec un air patibulaire, en montant sur les grilles et ça craint et tout et tout. Sans doute un peu exagéré comme point de vue car le port est sécurisé, caméra vidéoté et policé. On a dû trouver des spécimens plus flippés que nous !

Comme ils habitent ici, et que l’on s’imagine qu’ils savent de quoi ils parlent (ou est ce pour ne pas les vexer de démontrer tant de sollicitude à notre égard ?)nous décidons de suivre leurs recommandations. Ils nous proposent gentiment de nous escorter en ville jusqu’à un camping. « no hay nigun problema » (ya pas de problème !) Sympa. Même s’il n’est spontanément pas facile de faire confiance au premier venu. En attendant leur livraison (qui tarde, qui tarde…mais quelle heure est-il ?), ils papotent de bon cœur sur eux, sur nous, sur le CC, la mer, les dauphins, les villes, tout ça tout ça. A 10h 30, nous partons enfin. Nous les suivons sur la route qui mène en ville. Afin de ne pas les perdre, car ils roulent à une bonne cadence, nous les serrons de près. A tel point que nous ne voyons plus la couleur des feux qui sont situés en hauteur et que leur camion cache tellement il est haut. Résultat : nous grillerons in extremis un feu. Pas de bol, les flics sont juste derrière nous avec leurs gyrophares.


« Arnaud, ya les flics derrière… » « ah bon ? » « ben oui , les gars avec leur lumière qui clignote. Soit ce sont des extraterrestres dans leur soucoupe, soit ce sont des policiers». Nous nous arrêtons donc sur le bas côté en jurant. Et merde !! La voiture de flics est rentabilisée : ils sont 4 à l’intérieur. Mais il y a deux fainéants parmi eux car ils ne sortent pas du véhicule. Le gars en chef nous demande notre permis de conduire avec la tête du gars qui a envie de se faire plaisir pendant qu’un autre se met sur le coté. Et là, nous n’en menons pas large. Se faire arrêter en pleine nuit, dans une ville inconnue par des flics mexicains, c’est rock n’ roll. (ça c’est fait donc, on va le rayer de la liste des trucs crétins à vivre). Les enfants dorment à poing fermé dans leurs lits depuis longtemps. Heureusement Manuel arrive en trottinant après avoir parqué son camion sur le bord de la route. Avant même d’ouvrir la bouche, il dégaine son portefeuille et leur explique que nous le suivions car nous ne connaissons pas la ville. Il leur tend un billet et là s’opère une magie ins-tan-tanée : les flics regagnent leur voiture à la vitesse de l’éclair et partent embêter d’autres âmes perdues. Je reste sans voix par la rapidité de la manœuvre et en tire une leçon : le billet est un chasse flic efficace. « Bon ben je vais rouler moins vite… » dit Manuel en lançant des regards éloquents à Arnaud.

Je rembourse Manuel (qui ne se laisse pas faire), puis nous arrivons devant les portes du camping qui sont –oh surprise, comment osent-ils à minuit- fermées. Il nous propose alors de stationner devant chez lui, non loin de là. C’est en effet, un quartier tres calme, propre et sa rue est rassurante. A environ 1 heure du matin, nous démarrerons enfin une nuit calme et quitterons nos amis au petit matin.

Nous reprenons la route. Ou plutôt l’autoroute. Plutôt cocasse comme autoroute : comme elle traverse des villages, elle nous colle des topes (dos d’ane) quand ça lui chante. Il y a des tracteurs aussi qui roulent à la cool en plein milieu et des mamans qui ont décidé de se débarrasser de leur progéniture car elles se promènent avec leurs poussettes au bord de la route. Il fait entre 20 et 25 degrés.


Nous découvrons un Mexique à l’agriculture moderne dont les champs très verts sont alignés avec précision. Ces champs traversent des villages très colorés – à moins que ce ne soit l’inverse ? C’est très beau. Puis nous arrivons dans un lieu paradisiaque où nous sommes presque seuls, les pieds dans l’eau… En repartant nous assistons à une fête « des chevaux dansants ». Il y a bien une centaine de chevaux qui piétinent en cadence le sol au son des tambours et autres musiques. Comment ont-il fait pour leur enseigner cela ? J’imagine le gars s’adresser à son nouveau cheval « allez vas- y, soit gentil, tape des sabots » « ? » « ben oui, tape des sabots les uns après les autres » « ? » « bon allez, je te montre, tu fais comme moi, mais toi tu fais avec tes quatre pattes parce que moi j’en ai que deux alors c’est pas pareil. On se met un peu de musique ?». Parle en à mon cheval…


Un mexicain me prend pour un reporter photo (la faute à notre appareil photo extra dimensionné super classe ) et me demande de prendre la boutique de son fils en photo pour qu’il soit connu aux USA. Sauf que nous ne sommes pas américains et être connu en France, il s’en fout :) Ensuite les chevaux décident de partir se promener et le CC est cerné de toutes parts.

Mazatlan sera la première ville cotière où nous trouverons –sans les avoir cherchés-des américains. Nous y arrivons en très fin de journée, fidèles à nos (mauvaises) habitudes. On aurait bien aimé y arriver plus tôt mais c’t andouille de GPS nous indiquait une sortie tout droit sortie de son imagination, ce qui nous a obligé à poursuivre 30 Km. Oui parcequ’au départ, ce n’est pas à Mazatlan qu’on comptait passer la nuit mais comme c’est le GPS qui décide et pas nous… Va falloir qu’on le matte celui là un de ces jours.

Mazatlan est plutôt pas mal dans le genre si l’on aime les stations balnéaires américanisées : hotels de luxe et palmiers bien alignés. Nous dejeunons dans un restaurant de pêcheur où le gars nous sert 5 crevettes et 3 grains de riz chacun. Pas cher d’accord mais pas copieux non plus. Nous testons pour la première fois les noix de coco fraîches avec une paille, coupées à la machette. Il y en aura d’autres ! Les américains sont ici avec leurs monstres roulants pour des mois entiers voire même des années si l’on en croit les petits murets, plantes et fleurs qu’ils se sont aménagées à coté de leur CC. Peu d’entre eux font l’effort de s’exprimer en espagnol.

A la plage, nous dégusterons un oursin fraîchement décollé des rochers par Arnaud (ils se sont battus un moment, le bestiau ne voulait pas lâcher). Enfin, soyons honnêtes, il n’y a que moi qui en ai mangé parce que les enfants trouvaient ça dégueu et Arnaud avait peur d’être malade. Nous taquinerons les crabes, très nombreux aussi, au soleil couchant.

Dejà un mois que nous sommes au Mexique et nous ne regrettons pas d’avoir quitté la basse Californie qui –avec du recul- n’avait pas grand intérêt (sauf si on aime le désert). Les températures grimpent vite : bientôt 34 degrés alors que nous nous approchons du Tropique du Cancer. Nous irons de plage en plage tout au
long de la côte. Puis le paysage change pour devenir beaucoup plus exotique. C’est la jungle, avec ses bananiers sauvages, palmiers à noix de coco, lianes, perroquets et autres oiseaux au cri strident. Des champs de canne à sucre, tous fleuris, des petits ponts en dessous desquels voyagent des filets d’eau… La route est magnifique et tant mieux car on tout le temps de la contempler vu que nous sommes souvent coincés des camions qui peinent à 30 km/heure dans les cotes montagneuses.


A la station service, alors que nous regonflons nos pneus avec application, le camionneur d’à coté astique à l’eau courante son camion. C’est vrai qu’il n’est pas rare de les voir nettoyer et lustrer leur engin dont ils paraissent fiers. Et je papote, tu papotes, nous papotons sur tout sur rien. Les mexicains que nous avons rencontré jusqu’ici sont très chaleureux.
Surtout quand on leur parle en espagnol. Et comme nous ne voulions pas être pris pour des américains, nous créons des drapeaux français que nous collons sur le parebrise et les fenetres du CC. La France est vaguement située en Europe dans leur esprit. Leur point de repère étant l’Espagne. Histoire commune oblige.


Et puis et puis, Puerto Vallarta biensûr.
Nous campons dans un camping avec une piscine de rêve. A partir de cet endroit, nous rencontrerons beaucoup de québécois et de français. Les québécois sont des êtres venus de l’espace : extrêmement chaleureux, ils nous accueillent à bras ouverts dès notre arrivée dans les campings comme s’ils nous attendaient. D’un naturel joyeux et bien dans leur peau, ils sont des camarades de route bien sympathiques. C’est là que nous rencontrons un couple français qui avait quitté la France de Mitterrand pour s’exiler en Australie pendant 30 ans avant de prendre du bon temps une majeure partie de l’année au Mexique. Yen a qui ont tout compris….


Nous prenons le bus pour le centre de Puerto Vallarta. C’est une expérience rigolote. D’abord pour prendre le bus, il faut le héler comme un taxi, n’importe où nous sommes. Nous cherchions bêtement des arrêts de bus officiels. C’qu’on est nouilles. Ensuite il est difficile de savoir ou il va. Je demande au chauffeur s’il va dans le centre et celui-ci marmonne quelque chose que je prend pour un oui. Le bus en lui même est un hommage au tape cul. Le bus fonce, frôle, écrase, sursaute, couine, se penche, crisse, secoue … et nous profitons aussi copieusement du râlement du moteur et des grincements stridents de sa carcasse. Le chauffeur conduit avec le carnet de billets à la main pour pouvoir les donner à la vitesse de l’éclair quand le passager rentre. Je demande à une dame où il faut descendre pour aller au centre parceque tout cela n’est pas très clair, vu que je le répete, il n’y a pas d’arrêt officiel. Grâce à son aide, nous descendons dans des petites rues très vivantes où se succèdent petits restaurants, magasins de souvenir, supérettes, glaciers dans un mélange de couleurs et de bonne humeur.



Nous marchons jusqu’au bord de mer où nous déjeunons. Ce dejeuner aurait pu être bien plus sympa s’il n’y avait pas eu 53 vendeurs venus nous solliciter pendant notre repas (véridique, j’ai compté). Vendeurs de colliers, bracelets, tatouages, fruits, brochettes de crevettes, tapis, nappes, vêtements, casquettes, magnets… il y en a pour tous les goûts. Et toujours leur slogan fétiche « Almost Free !! » qui me fait bien rigoler. D’ailleurs à la table à coté un groupe d’américains négocie dur des plats en faïence.


Il faut dire qu’ici 20% de la population est nord américaine. Tout est prévu pour leur bien être : hotels de luxe, promenade du front de mer soignée, restaurants nombreux (il y a même Mac DO et Hard rock café) et tout le toutim.

Sous le soleil, le bord de mer s’étale entre immeubles hyper modernes et petites rues plus typiques. Un enorme bateau de croisière attend son prochain lot de passagers, des jeunes gens sculptent le sable, les touristes flanent dans les cafés, les vendeurs les interpellent sans cesse et les pélicans pêchent dans l’indifférence générale en s’écrasant la tête dans l’eau. Destination typique des tours opérateurs, puerto Vallarta est moderne, riche et américanisée à souhait. Alors que
nous quittons cette grande ville, nous découvrons dans ses hauteurs des villas et des hotels absolument splendides accrochés à la mer. Des bâtiments blancs immaculés ou aux couleurs violentes avec piscines à débordement surplombant la mer, bougainvilliers vifs et le ciel comme toit.

Arnaud « cette ville fleure bon l’ennui. Moi je ne pourrais pas rester à regarder la mer sans rien faire pendant des siècles. Trop de bonheur, c’est chiant ». Qu’a cela ne tienne. Nous vivrons une bonne journée galère par la suite. Nous arrivons dans un petit village charmant et garons notre CC pour aller admirer les crocodiles. Ils sont juste derrière un grillage et somnolent d’un air glauque. Ils sont énormes. Un petit panneau s’exprime « attention crocos ». Merci de prévenir.


En regagnant notre CC, la voiture stationnée devant nous part. Chouette pas de marche arrière à faire. Nous repartons. « BOUM ! ». Deux secondes plus tard nous sommes à l’arrêt abasourdis. 10 personnes nous entourent. Un arbre. Des branches. Une Branche grosse comme une jambe s’est encastrée dans notre capucine. Merde !!. Le cauchemar absolu. La capucine présente un trou profond de 20 cm de circonférence sur le côté droit. Le toit est percé, le polystyrène et la planche en bois situé à l’interieur du CC ont explosé et sont maintenant éparpillés en lambeaux sur nos couvertures. On ne s’est pas loupés.
La branche est toujours encastrée à l’intérieur. Visiblement elle avait été coupée auparavant mais pas assez haut !…. Un couple de français vient nous proposer de l’aide tandis qu’un américain s’acharne à nous expliquer qu’il faut continuer à avancer le CC pour déloger la branche. C’est ça oui, t’es gentil.

Un jeune homme mexicain nous vient en aide et nous indique juste en face, un magasin de bricolage. Le bol. A croire qu’il nous attendait. Ben c’est bon, on arrive. Nous achetons une scie car il est impossible de déloger ce saligaud de moignon de branche. Arnaud scie la branche entière et libère enfin le trou et avec lui, la capucine dans un grand « bonk ! » sinistre. C’est le truc le plus galère qui nous soit arrivé. Comment réparer ? comment revendre le CC après ça ? Nous sommes extrêmement contrariés par cet événement. Ça aussi, c’est bon, on peut l’enlever de la liste des trucs crétins à vivre. Arnaud et son sens pratique sont en effervescence : nous achetons donc Fibre de verre, résine, catalyseur, et pinceau dans un magasin. Si on m’avait dit que j’aurai un jour à parler bricolage en espagnol au fin fond d’un hangar tout pourri avec un mexicain homosexuel, j’aurais rigolé !…

Arnaud cogite. « Comment je vais faire pour réparer ce truc ? J’ai bien fait des planches à voile dans ma jeunesse avec ces matériaux, ça doit être un peu pareil, non ? Garde les bouteilles en plastique, ça peut servir. » Oh madre mia…

Mais la journée n’est pas finie. Nous posons nos roues dans un camping situé à deux pas de là. Sauf que le gérant a décidé de faire fortune et nous demande un prix exorbitant pour un carré de sable et rien autour (pas d’eau, pas de vidange, pas de wc, pas de douches, juste lui et sa trombine quoi). Nous décidons donc de ne pas rester. Sauf que nous sommes ensablés. Bah oui. On aime bien. Ça change un peu.
Un charmant québécois surgit de nulle part vient nous aider. Nos plaques de désensablage ne suffisent pas, il nous faudra du temps pour nous décoincer avec pelles et moteur qui hurle.

Enfin, pour terminer cette folle journée, et alors que nous avons trouvé un parking aménagé pour CC avec des pierres qui dégringolent de la colline à nos cotés, nous décidons de regarder un film pour nous détendre sur notre lecteur DVD portable. Pas de bol, au milieu du film, il tombe en panne. Définitivement. Moralité : il y a des jours, vaut mieux rester couché ! Et puisque le plafond est cassé, nos pieds flirteront avec les étoiles pendant un moment…

Ayant compris la leçon donc, j’essaye de bouder le réveil le lendemain, mais comme les tartines du petit dejeuner ne veulent pas venir jusqu’à moi, je suis bien obligée d’aller les chercher. Contrariés, énervés, dépités , nous sommes, (enfin surtout moi car Arnaud est la zenification incarnée) mais heureusement la providence –qui sait qu’Arnaud n’est pas bricoleur- va s’occuper de nous. Nous décidons de nous loger dans un camping proche à San Patricio afin de nous remettre les idées en place. Nous arrivons donc dans un camping de bord de mer de petite taille, rempli de canadiens francophones et anglophones. Nous sommes tout de suite accueillis par Josée et Guy, deux québécois installés avec leur cc en bord de mer depuis 2 mois. Enfin, au début ils devaient rester une semaine mais le soleil, la mer aidant…

Grâce à eux, nous irons voir Ron qui nous mènera jusqu’à Jim qui nous mènera jusqu’à Fernando, le roi de la réparation. Le rendez vous est pris le lendemain, Fernando, un petit mexicain moustachu avec un air de Speedy Gonzales, inspecte les dégats et nous annonce une réparation complète en 2-3 jours pour 3000 pesos (180 euros). Presque la moitié du camping a eu à faire à lui car tous ont cassé quelque chose. Nous ne sommes pas les seuls à nous disputer avec les arbres ! ça rassure. On se sent moins cons.

Les jours suivants, Jim se fera un point d’honneur de nous escorter tous les matins à l’atelier pour que nous déposions le CC et nous ramener en ville puis faire le même trajet le soir pour que nous puissions aller chercher le CC et le ramener au camping (8km). Un amour de bonhomme. Jim a la soixantaine et est d’une gentillesse rare. Canadien anglophone, il a vendu sa maison il y a 3 ans et depuis, il se balade avec sa femme entre le Canada et le Mexique toute l’année. « je ne suis pas religieux mais j’essaye d’etre sympa avec autrui » Même lorsqu’il se fait mal au tendons, ils insistera pour nous emmener.

Nous faisons également plus ample connaissance avec Josée et Guy. Cinquantenaires adorables avec qui nous avons de longues conversations joyeuses. Je me délecte de leur accent. Ils nous garderont les enfants pendant nos trajets, leur offriront souvent des mister Freeze et nous inviterons même à diner. Trognons. Et pendant ce temps là, Fernando bosse d’arrache pied. Marié à 20 ans et 4 enfants. « Si on se marrie jeune ici, c’est parcequ’ici il fait chaud hein ! » dit il en rigolant et en lançant des œillades complices à Arnaud.

Dans la journée nous sommes donc « homeless ». Nous dejeunons dans des petits restaurants où on nous sert des tacos pour trois fois rien, nous nous promenons dans le village, très coloré et dynamique. Nous profitons de la plage où les enfants s’éclatent sur leurs planches et prenons le temps de faire les devoirs.


Et puis Fernando nous demande de venir chercher le CC à 21h car la peinture n’est pas encore sèche. Cette peinture dont il aura recherché la couleur exacte dans un petit magasin en notre compagnie. Nous prendrons donc un taxi, la nuit et trouverons Fernando épuisé mais heureux d’avoir terminé son ouvrage. « Cuando Vuelvas, Mi casa es su Casa ». (Quand vous reviendrez, ma maison est la votre) nous dit-il chaleureusement. J’en suis émue.

Quelques jours après notre accident, l’exterieur du CC est si bien réparé qu’il n’y a plus aucune trace : Fernando a mis de la fibre de verre, poncé, lustré, peint et vernis avec talent. A l’intérieur, il a comblé le trou avec du polystyrène, apposé une planchette en bois et mis deux plaques d’aluminium blanc. Le résultat est Nickel et solide. Du très bon travail. Honnêtement nous sommes bluffés par la qualité du travail réalisé si vite.

Cet incident nous aura finalement apporté beaucoup : nous avons passé pas mal de temps avec les mexicains à discuter avec eux, dans leur village, en voiture, en taxi, dans les boutiques, au restaurant et avons découvert des gens simples, travailleurs, honnetes et heureux. Très attachés à leur famille. Comme cette dame qui nous raconte qu’elle a eu son perroquet tout bébé et qui lui gratouille la tête pendant qu’il lui bécote la joue, ou cette petite fille mexicaine baptisée « America » qui vient jouer toute la journée avec les garçons. ..

Nous aurons aussi rencontré d’autres gens formidables, d’une gentillesse exceptionnelle, désinteressés, solidaires et spontanés. On n’apprécie jamais tant les choses qui nous ont manqué !

Et puis comme dit un proverbe danois « tout a une fin, sauf la banane qui en a deux ». Nous reprenons la route en quittant nos amis à regret mais pleins de chaleur humaine en stock.

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1 commentaire:

  1. j'ai lu quelques passages, Esthele je ne te connais pas encore, mais tu m'as fait beaucoup rire! Tes récits sont sympa et tellement vrais !

    Profitez bien de ce fabuleux voyage que vousvous offrez
    Como dicen por aqui : "Me dan envidia de la buena!".

    Bonne route et on vous attends en terre yucatèque prochainement??

    Véro

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